Des hôpitaux du Liban ont mis en garde jeudi contre une "catastrophe sanitaire" imminente en raison de la grave pénurie de courant et de carburant dans le pays, certains établissements privés ne pouvant fonctionner encore que quelques heures, selon leur syndicat.
Le Liban connait la pire crise économique de son histoire fragilisant davantage un secteur de la santé en pleine lutte contre la pandémie de coronavirus.
Après des mois de rationnements draconiens, la compagnie nationale Électricité du Liban (EDL) a quasiment cessé de fournir du courant ces dernières semaines, obligeant les hôpitaux à recourir à des générateurs privés environ 24h/24.
Les hôpitaux peinent toutefois à trouver du fioul sur le marché pour faire fonctionner les générateurs, a averti jeudi le syndicat des hôpitaux privés.
"Les hôpitaux sont incapables de trouver du fioul pour alimenter les générateurs lors des pannes de courant (qui durent) au moins 20 heures par jour", a déploré le syndicat dans un communiqué.
"Un certain nombre d'hôpitaux risquent de voir leurs réserves (de mazout) s'épuiser dans les prochaines heures, ce qui mettra la vie des patients en danger", a-t-il prévenu, sans préciser le nombre exact d'établissements qui pourraient être concernés par une rupture totale de courant.
Le syndicat a appelé les responsables à "œuvrer immédiatement pour résoudre le problème afin d'éviter une catastrophe sanitaire".
Le Liban est englué depuis l'automne 2019 dans une crise qualifiée par la Banque mondiale comme l'une des pires au monde depuis 1850.
À court de devises étrangères, le pays peine à importer suffisamment de fioul pour faire fonctionner ses centrales électriques, provoquant des rationnements de courant pouvant atteindre 23 heures par jour.
Par ailleurs, le pouvoir d'achat des Libanais s'est effondré en moins de deux ans, la monnaie nationale ayant perdu plus de 90% de sa valeur face au dollar, tandis que le pays vit au rythme de pénuries en tout genre.
Le 4 juillet, le syndicat des importateurs de médicaments avait déjà tiré la sonnette d'alarme sur des ruptures de stock touchant des "centaines" de produits.
L'effondrement général est accentué par l'inertie des dirigeants, le pays étant sans gouvernement depuis 11 mois.