« Avec une approche multidisciplinaire, nous tenons à optimaliser les chances du patient au moment de l’opération et après », explique le Dr Philippe Hauters, Chirurgien digestif, au Centre Hospitalier de Wallonie picarde. Sur le terrain, le Dr Philippe Hauters est le coordinateur du centre. « Nous sommes deux chirurgiens - avec le Dr Desmet - et deux anesthésistes attitrés.»
Le Chwapi est le centre de référence de la chirurgie de l’œsophage pour la province du Hainaut. Cette spécificité est un atout qui lui permet de garder l’excellence dans ce domaine, comme le rappelle le Dr Florence Hut, Directrice Médicale de l’institution. « Nous tenions à garder cette activité au sein de l’hôpital quand l’INAMI a décidé de créer des centres experts. Nous avons obtenu la reconnaissance grâce à un partenariat avec le Grand Hôpital de Charleroi. Depuis lors, nous avons également établi des accords de collaboration avec le CHR de Mouscron et l’Hôpital de Jolimont. Le cancer de l’œsophage reste une pathologie qui touche les populations plus défavorisées : gros fumeur, alcoolique... ce qui impose la création de trajets de soins très spécifiques pour une prise en charge optimale ».
Sur le terrain, le Dr Philippe Hauters, chirurgien digestif, est le coordinateur du centre. « Nous sommes deux chirurgiens - avec le Dr Desmet - et deux anesthésistes attitrés. Dès que le diagnostic du cancer est réalisé, un scanner thoraco-abdominal et un PET-Scan sont accomplis pour l’affiner : le patient ira soit vers une chirurgie d’emblée, soit vers une chirurgie après traitement néoadjuvant ou encore vers un traitement non-chirurgical. La première année de la convention, nous avons opéré 14 patients et 20 la seconde année. Nous sommes déjà à 17 patients cette année et nous espérons atteindre le chiffre de 28 à la fin de cette troisième année. Notre activité représente 4% de l’activité belge. »
Réduction des complications
La prise en charge de ces patients est spécifique. « Nous avons mis en place un programme de préhabilitation multimodale qui est réalisé systématiquement chez les patients qui ont un traitement néoadjuvant. Nous avons enregistré des résultats préliminaires encourageants. Le mémoire d’une étudiante en kinésithérapie a montré que la préhabilitation permet de réduire chez nos patients les complications médicales, mais pas les complications chirurgicales. Nous constatons notamment moins de pneumonies. Ce programme est multimodal et dure 4 semaines : exercices cardio-respiratoires et de renforcement musculaire, soutien psychologique et nutritionnel. » Ce programme ne peut toutefois pas être proposé aux patients avec une tumeur à un stade précoce, car ceux-ci sont opérés le plus rapidement possible après le diagnostic.
Baisse de la mortalité
La création des centres experts se justifie parce qu’il a été démontré que les taux de mortalité diminuent dans les centres à haut volume. « Nos chiffres de mortalité sont de 0% à 30 jours et de 5,9% à 90 jours et notre taux de survie à un an est de 87%. Il faut analyser ces chiffres avec prudence car l’effectif est limité, mais nos résultats s’inscrivent parfaitement dans la philosophie du projet mis en place au niveau national. »
Réduire l’inflammation
Le Pr Marc De Kock, Anesthésiste/réanimateur, rappelle que « la chirurgie de l’oesophage est un traumatisme majeur et que pour que l’organisme du patient puisse y faire face, il est important d’augmenter leur capacité physique avant l’opération pour améliorer leur chance de rétablissement. L’exercice physique préopératoire est envisagé en tant que régulateur de la réaction inflammatoire. »
Eviter la dénutrition
Dans cette prise en charge, Ysaline Colbrant, diéteticienne de l’équipe de chirurgie digestive, suit le patient dès le départ. « Notre objectif est d’amener le patient dans le meilleur état nutritionnel possible avant l’opération. Nous les voyons souvent arriver après une importante perte de poids parce qu’ils ont une gêne au niveau de la déglutition et manquent d’appétit. Nous les aidons notamment avec des compléments nutritionnels oraux que l’on va fractionner sur la journée. Les patients très dénutris bénéficient d’une nutrition entérale par une jéjunostomie placée chirurgicalement. Nous suivons les patients de très près avant l’opération, mais aussi après. »
Collaboration avec les centres référents
La collaboration se passe bien entre les hôpitaux référents et le centre du CHwapi, comme le souligne le Dr Nicolas Tinton, chirurgien digestif au GHdC à Charleroi. « Les patients n’ont pas de difficultés à aller jusque Tournai à de rares exceptions. » De plus, ils bénéficient d’un bilan oncologique complet et « sont discutés » en COM dans le centre référent. Le dossier est ensuite présenté en CM dans le centre de référence pour valider la décision thérapeutique. Les patients opérables sont vus en consultation par le chirurgien du centre référent qui leur explique les modalités de l’intervention et l’obligation légale d’être opéré dans un centre de référence. L’intervention est toujours réalisée conjointement par le chirurgien référent et le chirurgien coordinateur du CHwapi.
Sur la photo, de gauche à droite : Pr Marc DE KOCK, Dr Philippe HAUTERS et Ysaline COLBRANT.