Le CHU Brugmann se porte mieux. Sa situation financière se redresse progressivement, son attractivité et ses activités médicales sont en hausse et un Projet Médical Partagé est en préparation. Sa directrice générale, Caroline Franckx, et son directeur général médical et médecin-chef, Wissam Bou Sleiman, reviennent sur quelques points d’actualité dans une interview accordée au Spécialiste.
Le CHU Brugmann est un des rares hôpitaux belges qui gèrent deux sites aigus : un de 630 lits sur le site Horta et un de 130 lits sur le site Brien. Ce « petit » site est-il concerné par les mesures dénoncées par le Parti socialiste, qui visent à transformer les hôpitaux de moins de 250 lits en hôpitaux non aigus ?
« Le ministre Vandenbroucke nous a rappelé récemment – et il l’a redit à la Chambre – qu’il n’y avait pas de plan en ce sens. Par contre, je pense, et c’est en tout cas le message que je porte depuis un certain temps au comité de direction, que nous devons nous-mêmes repenser nos sites si l’on ne veut pas que les autorités nous l’imposent. Et donc, dans le cadre de l’élaboration de notre Projet Médical Partagé (PMP), on redéfinit la mission de chacun de ces sites. Qu’est-ce qu’on garde ? Qu’est-ce qu’on change ? Que fait-on autrement ? L’ambulatoire doit se développer. Brien est un site qui sera clé pour cette activité. D’ici l’été, nous verrons plus clair sur ce que nous voulons faire sur nos deux sites. »
La directrice générale rappelle que la fédération Gibbis a démarré un groupe de travail de cartographie de Bruxelles.
« Un exercice stratégique sur la vision du paysage hospitalier bruxellois va également être réalisé en avril et mai. Nous voulons pouvoir décider nous-mêmes de notre avenir en tenant compte des logiques des réformes du ministre, des réflexions de l’Inami… »
Ce serait a priori une erreur de fermer les urgences d’un « petit » site hospitalier qui en réalise près de 35 000 par an.
« S’il fallait dispatcher les urgences réalisées à Brien dans d’autres hôpitaux, ce serait très compliqué. Il serait aberrant de ne pas avoir un service d’urgence dans une des communes les plus peuplées de Belgique », commente Wissam Bou Sleiman.
« Il faut tenir compte de la fréquentation des urgences des sites aigus avant de définir le rôle des petits sites », renchérit Caroline Franckx. « Pour rappel, un groupe de travail de la CIM Santé, constitué d’experts indépendants, vient d’être créé pour définir le futur paysage hospitalier. »
Chorus en veille
Quid du développement du réseau hospitalier loco-régional Chorus dont le CHU Brugmann fait partie ?
« Ce réseau n’est pas actif. Ces dernières années, on a assisté à la constitution de l’Hôpital universitaire de Bruxelles (HUB) et au groupement des Hôpitaux Iris Sud et du CHU Saint-Pierre. Le CHU Brugmann est le plus gros hôpital public de Bruxelles et nous proposons presque toute l’offre médicale », soutient sa directrice générale.
« Nous pourrions être un petit réseau autonome. Contrairement à d’autres institutions, nous n’avons pas forcément besoin d’un autre hôpital pour pouvoir étoffer notre offre. Dans notre stratégie de croissance, nous voulons vraiment développer des collaborations multipartenaires qui nous permettent de nous renforcer là où nous en avons besoin et d’offrir nos pôles d’excellence. Nous confirmons nos assises. Nous développons nos pôles d’expertise. Nous collaborons avec d’autres hôpitaux et nous verrons ce que l’avenir nous dira. La question des réseaux loco-régionaux n’est plus vraiment une priorité. Notre première priorité était de nous redresser financièrement, d’être de nouveau un partenaire de choix autour de la table de négociation. Cette stratégie ne nous bloque pas pour l’avenir. Si des réformes devaient être imposées, on pourrait tout à fait se retourner et avancer, parce que nous avons déjà développé des partenariats multiples. »
Ces partenariats sont nombreux et dépassent les frontières de la Région bruxelloise.
« Nous travaillons avec le HUB. Nous sommes dans le groupement Osiris avec l’Hôpital des Enfants pour le pôle mère-enfant. Nous avons des collaborations avec l’Hôpital Erasme, par exemple en radiothérapie, et aussi avec l’UZ Brussel. Nous travaillons aussi avec le CHU Saint-Pierre dans le cadre de la clinique de la fertilité. Nous collaborons avec les Cliniques universitaires Saint-Luc. Nous venons d’être choisis pour un projet innovant en pharmacie, avec différents acteurs, dont le CHU de Liège. Nous sommes vraiment dans cette dynamique-là, qui est très positive et constructive. »
Attractivité renforcée
Bonne nouvelle pour l’avenir de l’institution bruxelloise : depuis l’arrivée du Dr Bou Sleiman à la direction médicale, une petite centaine de nouveaux médecins ont été engagés.
« Le recrutement doit s’intégrer dans un projet global. Et franchement, en tout cas depuis neuf mois, la dynamique est vraiment constructive. Tous ces engagements s’appuient aussi sur une interaction très constructive avec le conseil médical. J’ai la chance ici de pouvoir compter sur un conseil médical, présidé par le Pr Jacques Jani, qui se positionne comme une force de proposition plutôt qu’une force d’opposition. »
> Lire l’intégralité de cette interview dans Le Spécialiste n°235.