Hôpital de jour, pénurie de prestataires de soins, réforme hospitalière, finance, crise énergétique, ... L' organisation faîtière des hôpitaux bruxellois, Gibbis, est en première ligne et participe activement sur tous ces dossiers. Un entretien avec Patricia Lanssiers, directrice de la fédération des institutions de soins des secteurs public privé associatifs de la Région de Bruxelles-Capitale.
"Environ 20 % des patients de nos hôpitaux bruxellois viennent de Flandre, 15 à 16 % de Wallonie. Nous sommes pleinement engagés dans la promotion de l' hôpital de jour. Des exercices de programmation concernant les lits de spécialisation sont notamment en cours. Le Conseil fédéral des équipements hospitaliers doit préparer des recommandations à ce sujet. Le Cabinet a établi un calendrier avec les différents sites. Je suis donc heureux que nous puissions désormais représenter notre
secteur avec encore plus de représentativité grâce à l' affiliation de six institutions supplémentaires. Nous avons également été invités aux auditions de la Chambre sur la réforme hospitalière ce mois-ci."
La pénurie de prestataires de soins de santé est un problème pressant. Cette situation diffère-t-elle à Bruxelles du reste du pays et quelles solutions proposez-vous ?
" Il y avait déjà des mesures via le Fonds pour le personnel de soins et l' IFIC, le système de
qualification des emplois avec des barèmes pour le personnel de soins. Pour être honnête, je ne pense pas que ces mesures soient suffisantes. Nous devons reconsidérer l' ensemble de la chaîne du personnel de santé. Pour Bruxelles en particulier, le problème de la mobilité est encore plus important qu' ailleurs, en plus de l'exigence de multilinguisme.
Nous devons également éviter une concurrence malsaine dans la recherche de personnel entre les différents types d' institutions" À Bruxelles, plus qu' ailleurs, les patients n' ont pas de médecin traitant régulier.
Comment Gibbis peut-il contribuer à stimuler la coopération entre les hôpitaux et les soins primaires ?
"Le gouvernement bruxellois a proposé un plan social de soins intégrés pour améliorer l' inégalité des soins entre les patients. Nous regrettons de ne pas avoir été suffisamment consultés lors de l' élaboration de ce plan. Le fait que nous traitons également des patients en dehors de Bruxelles n' est pas suffisamment pris en compte. Il identifie cependant des
liens potentiels entre les soins primaires et l'hôpital.
Voyez-vous des problèmes importants pour les hôpitaux de Bruxelles en 2023 ?
"En termes de finances, ce sont surtout les budgets énergétiques qui sont sous pression en ce moment. Plus les problèmes d'indexation et d' inflation qui l'accompagnent. Tous les hôpitaux bruxellois sont confrontés à la hausse des prix de l'énergie en raison de leurs importants besoins énergétiques. Pour certains, l'mpact est immédiat, d'autres peuvent
encore profiter d'un contrat d'énergie fixe pendant quelques mois.Nous estimons le coût supplémentaire pour les hôpitaux bruxellois entre 15 et 20 millions à long terme. Ceci est basé sur une extrapolation prudente qui tient compte d'une certaine normalisation dans les prochains mois"
La mise en réseau à Bruxelles a longtemps été floue, le brouillard se dissipe t-il à présent ?
"Oui, dans le sens où l'on peut désormais parler de trois réseaux : le réseau flamand avec l'UZ Brussel et puis deux réseaux en plus : H.Uni (Saint-Luc, Saint-Jean, Cliniques de l’Europe et Saint Pierre Ottignies) qui s'étend au-delà des frontières de Bruxelles jusqu'en Wallonie et aussi un très grand réseau public/privé avec le Chirec, Iris-Sud et tous les
hôpitaux publics, notamment Brugmann, Saint Pierre, Huderf, Bordet et Erasme."
L' innovation dans le domaine des soins de santé est également une priorité. Comment comptez-vous en faire la promotion ?
"Nous essayons de créer un espace suffisant pour financer cette innovation. Nous voulons absolument que les médecins aient leur mot à dire dans ce domaine, même si aucune formule concrète n' a encore été élaborée."
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