L'organisation coupole de l'aide aux personnes sans toit de la capitale, Bruss'help a comptabilisé 7.134 personnes lors de son dernier dénombrement des personnes sans-abri et mal logées en Région bruxelloise.
Cette opération menée dans la nuit du 8 au 9 novembre dernier a permis de constater une augmentation de près de 19% par rapport au dernier dénombrement qui remonte à 2020, ont indiqué mercredi les responsables de Bruss'help, au cours d'une conférence de presse.
Durant cette dernière opération de 2020, 5.313 personnes avaient été comptabilisées. Toutefois, de nouvelles catégories ont été prises en compte lors du dénombrement de 2022, à savoir les personnes hébergées temporairement chez des tiers et les personnes menacées d'expulsion. De plus, d'autres situations ont été comptabilisées chez les personnes en institution. Il convient donc de ne pas tenir compte de ces comptabilisations supplémentaires pour mesurer l'évolution, ont-ils insisté.
Sans ces chiffres, le nombre de personnes recensées s'élève à 6.317 personnes, soit une augmentation de 18,9% par rapport à la dernière édition de novembre 2020
A chaque édition, le dénombrement permet de prendre une photographie à un instant des personnes privées d'un toit dans la Région de Bruxelles-Capitale.
"Les chiffres obtenus sont une sous-estimation de la situation réelle, mais ils permettent de dresser un état des lieux et de refléter l'évolution du phénomène", a souligné Bruss'help.
Parmi les 7.134 personnes recensées au total, 809 personnes ont passé la nuit du dénombrement dans l'espace public. Les personnes dites sans-abri, c'est-à-dire comptabilisées dans l'espace public ou dans des hébergements d'urgence, représentaient 33,7% des situations (plus d'une personne sur trois).
Toujours selon Bruss'help, les dénombrements successifs témoignent d'une hausse continue du nombre de personnes sans chez-soi sur ces quatorze dernières années, malgré une intervention financière publique importante.
Pour la première fois, les chiffres quantitatifs sont accompagnés d'une vaste récolte de données sur les profils et les trajectoires des personnes concernées. Sur les 2.097 personnes pour lesquelles un questionnaire a été rempli, la majorité sont des personnes isolées sans enfant (78,0% contre 13% isolées avec enfant(s)). 42,7% des répondant·e·s sont belges, 11% ont une nationalité d'un pays ressortissant de l'UE, et 42,3% ont une nationalité hors de l'UE.
Plus de la moitié des répondant(e)s étaient sans-chez-soi depuis un an ou plus (53,8%).
L'organisation faîtière a enfin souligné que la crise sanitaire avait eu un lourd impact sur les personnes les plus précarisées, malgré la mobilisation immédiate des acteurs de terrain pour leur venir en aide et les mettre à l'abri en périodes de confinements. Parallèlement, ces deux dernières années ont été marquées par la crise économique et la crise de l'accueil des réfugiés, tandis que l'accès à un logement abordable demeure critique en Région de Bruxelles-Capitale.
Par ailleurs, alors que les chiffres de l'année 2020 étaient à la baisse, notamment en raison de la fermeture des frontières, l'année 2021 et particulièrement l'année 2022, ont été marquées par une hausse des demandes de protection internationale. Cependant, toutes les personnes demandeuses de protection internationale n'ont pu avoir accès aux structures d'hébergement fédérales mises à disposition spécifiquement pour les personnes en procédure, tel que l'imposent les législations européennes en vigueur.
"Ces résultats préoccupants montrent surtout une forte augmentation des personnes sans chez-soi dans les dispositifs d'hébergement d'urgence et les occupations temporaires, liée en grande partie à la crise de l'accueil; et une augmentation du nombre de personnes sans papier et sans perspective. Nous observons aussi que ce nombre n'augmente pas dans l'espace public. Cela traduit le fait que nous avons, sous cette législature, augmenté l'offre de logement/hébergement de manière significative", a commenté le ministre bruxellois en charge de l'Aide aux sans-abri, Alain Maron (Ecolo).
"Mais comme je l'ai toujours dit, c'est tous ensemble (Région, Fédéral, communes, CPAS, secteur associatif, etc.) que nous arriverons à réduire la précarité et le nombre de personnes sans-chez-soi dans la durée, en leur offrant un logement et un accompagnement médico-psycho-social adapté pour qu'elles puissent progressivement retrouver leur place dans la société", a-t-il ajouté.