Le patron du groupe danois Novo Nordisk, spécialiste des antidiabétiques et des traitements contre l'obésité, a déploré mardi le manque de dynamisme de la recherche pharmaceutique en Europe, dans une interview au quotidien danois Berlingske.
"L'Europe risque de devenir une sorte de musée en ce qui concerne les sciences de la vie. Ce n'est pas en Europe en général que l'innovation se produit", a déclaré Lars Fruergaard Jørgensen au journal.
Première capitalisation européenne et moteur de l'économie danoise, le laboratoire fondé en 1923 vient d'ouvrir un centre de recherche aux États-Unis, pour développer de nouveaux produits.
"Aux États-Unis, grâce au capital-risque, des fonds sont alloués aux universités quand elles lancent de nouvelles idées au sein des entreprises de biotechnologie. L'écosystème est donc extrêmement solide aux États-Unis tandis qu'il est pratiquement inexistant en Europe", a-t-il souligné, rappelant que les essais cliniques commençaient généralement outre-Atlantique.
En outre, "les États-Unis sont les premiers à approuver les nouveaux médicaments. Ils sont les premiers à les mettre sur le marché", a développé le chef d'entreprise, à la tête de Novo Nordisk depuis 2017.
M. Fruergaard Jørgensen, qui préside depuis l'été dernier la Fédération européenne des associations et industries pharmaceutiques (EFPIA), a aussi fustigé l'accès morcelé aux marchés européens après le feu-vert de l'Agence européenne du médicament.
"Il est difficile de commercialiser un médicament dans tous les pays européens avant l'expiration du brevet", a-t-il dit. "Il existe donc en Europe un écosystème qui se dégrade progressivement".
Enfin, le projet de la Commission européenne de réduire à six ans la durée de la protection intellectuelle minimale des médicaments ne permettrait pas aux laboratoires de rentabiliser leurs investissements, a-t-il dénoncé.
Le groupe, qui a publié des résultats éclatants en 2023, étudie actuellement un nouveau traitement qui pourrait être deux fois plus efficace contre l'obésité que son médicament phare, le Wegovy, à base de sémaglutide.
Il n'a pas pour autant l'intention de quitter le Danemark, a rassuré le chef d'entreprise.
"Nous allons continuer à être important au Danemark. Mais il y aura une limite à la taille que nous pourrons atteindre", a affirmé M.Fruergaard Jørgensen.