L'étude Maha a mis en lumière les difficultés financières des hôpitaux. Au Chirec, la situation est meilleure que dans d'autres établissements. Pourtant, Bruno Lefébure, directeur général et administratif et financier du Chirec, reconnaît qu'il est obligé de retrousser ses manches quotidiennement pour survivre: “Nous sommes en permanence en restructuration. On s'en tire pas mal ces dernières années mais je n'irai pas jusqu'à dire que l'on s'en tire bien.” A ce stade, selon lui, l'anticipation a permis de prendre des mesures fortes. “On est passé de 6 sites hospitaliers à 3 sites en 4 ans. Si on ne l'avait pas fait, on serait en train de mourir.”
Pour réaliser de telles réformes, il insiste sur le travail de l'hôpital dans son ensemble: “Nos cadres ont permis cette restructuration. Le déménagement des sites a notamment repésenté 20.000 h supplémentaires de travail. On ne va pas se reposer et on commence le virage ambulatoire à présent." Toutes ces réformes ont un impact sur le personnel qui n'est pas assez nombreux. C'est vraiment au lit du patient que le personnel souffre le plus. Ce n'est pas moi, le directeur général qui change les choses, ce sont les gens de terrain. Un jour nos soignants vont s'assoeir et dire” merde”. Un jour le personnel de soins va craquer. La question n'est pas de savoir si cela va craquer mais plutôt quand !”
25% des hôpitaux vont s'en sortir
Cette réalité, les responsales politiques devraient en avoir plus conscience : “Il n'est pas normal que le monde hospitalier continue de souffrir des clivages historiques nord/sud, confessionnels...auxquels on ajoute le millefeuille institutionnel. 25% des hôpitaux vont s'en sortir mieux que les autres parce que les cadres et le personnel auront la capacité de d'adapter aux nouvelles situations. Et les autres? On ne peut pas continuer en diminuant les durées de séjour et dire que cela va marcher.”
Il entend aussi tordre le cou à plusieurs mythes: “Certains intervenants disent qu'on a plus de lits d'hospitalisation ou de revalidation que les pays scandinaves, mais ils oublient de dire qu'ils ont d'autres structures ambulatoires et d'autres investissements de la part des pouvoirs publics pour adapter les maisons pour garder les malades à domicile. On parle de 15.000 euros investis pour adapter une maison. Pour que cela arrive chez nous, il faut mettre en place un cadre législatif et faire des choix financiers courageux et clairs.”
Pas seulement la mauvaise gestion
Pour lui, l'étude Maha montre que le personnel et les hôpitaux sont au bout. “Certains hôpitaux sont peut-être mal gérés mais le principal problème se situe au niveau des règles que l'on applique au secteur. Les normes de croissance ne tiennent pas compte de la réalité notamment des coûts de médicaments et des technologies.” Il plaide pour une vue globale des soins de santé: “On ne s'en sortira pas sans mettre de nouveaux moyens pour restructurer que cela aille de l'agrément au financement, de l'hôpital au généraliste ou aux soins à domicile. Il faut d'urgence une vision globale du système et pas des actions à coup de sparadrap.”
Il craint aussi la fuite des médecins: “Ils gagnent très bien leur vie mais ils sont débordés. Nous perdons de plus en plus de médecins qui partent à l'étranger parce qu'ils y sont mieux payés et qu'on leur offre une meilleure qualité de travail et de vie.”
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