Dieter Goemaere : "Un nouveau calendrier de construction pour les hôpitaux bruxellois n'est pas un luxe mais une nécessité"

"Les hôpitaux bruxellois sont confrontés à d'immenses défis alors que la base de leur politique d'infrastructure remonte à 15 ou 20 ans. Un nouveau calendrier de construction est non seulement nécessaire mais aussi une opportunité stratégique pour le gouvernement bruxellois de moderniser et de rendre plus durable l'offre de soins de santé", soutient Dieter Goemaere (Gibbis). Un appel clair au futur gouvernement pour qu’il débloque un budget suffisant afin de moderniser les hôpitaux.

Pour rappel, le dernier calendrier de construction de la Commission communautaire commune couvrait la période 2009 à 2022 et était basé sur des observations faites il y a près de vingt ans. "Depuis lors, les besoins en matière de soins de santé ont considérablement évolué. Les centres hospitaliers universitaires, sous la tutelle de la Communauté flamande et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, datent des années 1960 et sont à la veille de rénovations ou de reconstructions majeures. Le paysage hospitalier bruxellois ne peut s'appuyer sur des infrastructures obsolètes sans sacrifier la qualité, l'accessibilité et son rôle de pionnier en tant que pôle d'expertise innovante", analyse Dieter Goemaere.

En mai 2024, le ministre bruxellois de la Santé, Alain Maron, avait annoncé pouvoir libérer 90 millions d’euros sur cinq ans pour les hôpitaux bruxellois, mais c’est au gouvernement en formation qu’il revient de desserrer les cordons de la bourse. Dieter Goemaere interpelle les partis qui négocient le budget du futur gouvernement bruxellois sur la nécessité d’attribuer un montant nettement supérieur – autour de 475 millions d’euros sur cinq ans – pour reconstruire le parc hospitalier de la Région. Une somme importante pour une région qui affiche déjà une dette de 14 milliards d’euros. "L’investissement est réparti sur une période de 20 ans. Il y a un effet multiplicateur. Pour chaque million libéré, on crée une capacité d’investissement de 20 millions d’euros", temporise Dieter Goemaere. "Il est nécessaire d’investir dans le secteur hospitalier bruxellois. Rappelons, à titre de comparaison, que le calendrier de construction des hôpitaux wallons s’élève à 1,8 milliard d’euros."

Une orientation stratégique claire

Le directeur hôpitaux de la fédération Gibbis estime que, sans une infrastructure adaptée dans un paysage hospitalier redessiné, les hôpitaux bruxellois ne pourront pas répondre aux évolutions du secteur de la santé : population croissante et vieillissante, admissions plus courtes et plus intensives, collaboration accrue avec les soins de santé primaires, intégration des nouvelles technologies et d'équipements médicaux, croissance des maladies chroniques et des soins de santé mentale.

Pour Gibbis, le gouvernement bruxellois doit donner, via le calendrier de construction, une orientation stratégique claire en fixant des priorités, en concertation avec le secteur, pour les 20 à 30 prochaines années.

Et de lister plusieurs priorités stratégiques :

  • Une bonne répartition de l'offre de soins de santé dans la région, en tenant compte de la densité de la population et des défis en matière de mobilité.
  • Poursuite de la concentration des soins non programmés et transformation de certains sites hospitaliers en cliniques spécialisées afin d'organiser les soins de manière plus efficace.
  • Transformation des capacités de soins aigus en capacités de soins pour les maladies chroniques, les soins de santé mentale et l'hospitalisation de jour et à domicile.
  • Rendre les bâtiments hospitaliers plus durables.

"Les hôpitaux doivent également prendre leurs responsabilités en convertissant ces lignes directrices politiques en plans stratégiques de soins concrets qui sont alignés au sein du secteur", recommande Dieter Goemaere.

Par ailleurs, la fragmentation des pouvoirs à Bruxelles exige un plan stratégique commun qui tienne également compte de la nouvelle organisation des soins primaires. "Seule une coopération intercommunautaire permettra aux hôpitaux bruxellois de conserver leur rôle de premier plan en tant que centres d'expertise pour les patients de toute la Belgique."

Il est moins coûteux d'investir que de différer

Les nouveaux systèmes de financement offrent des possibilités d'investissement sur des périodes plus longues, de 20 à 25 ans, malgré les contraintes budgétaires. "Pourtant, le gouvernement bruxellois menace de retarder les investissements nécessaires, qui coûteront finalement plus cher parce que le sous-investissement entraînera une baisse de la qualité et de l'accessibilité et une réduction de la capacité de Bruxelles en tant que centre de soins de santé pour tous les Belges", analyse le chief economist de Gibbis.

Faut-il rappeler que 36 % des patients des hôpitaux bruxellois viennent d'autres régions ? "Tout comme Bruxelles est une économie ouverte qui représente 17,4 % du PIB belge mais qui ne contribue que pour 10 % de la population, les hôpitaux bruxellois doivent également continuer à se positionner en tant que centre national de soins de santé au service de tous les Belges. Investir dans l'infrastructure hospitalière bruxelloise, c'est investir dans la santé de chaque Belge."

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