A quelques mois des élections et alors que la pénurie des infirmières est criante sur le terrain, l’Union Générale des Infirmiers de Belgique (UGIB) présente aujourd’hui son mémorandum articulé en cinq problématiques structurelles.
Un combat essentiel pour les infirmières mais aussi pour les médecins et les hôpitaux comme l’explique Deniz Avcioglu, Porte-Parole de l'UGIB : « Les médecins sont également impactés quotidiennement par le manque de personnel infirmier. Ils sont confrontés sur le terrain à la pénurie. La fermeture des lits, par manque d’infirmière, a un impact sur toute la population. En plus, ce manque de personnel touche la qualité des soins. De leur côté, les hôpitaux ne sont pas contents de fermer des lits par manque de soignants. Les responsables politiques doivent donc faire des choix d’investissements dans les soins de santé et la profession d’infirmière. Le monde politique nous écoute. On attend des actes aujourd’hui.”
Pour elle, il est essentiel aussi de “changer l’image du métier dans les médias : on doit plus mettre en avant l’expertise, le leadership, les échanges constructifs avec les autres professionnels de soin, la relation humaine de soins... »
Les 5 priorités
1. Le bon professionnel au bon endroit pour fournir des soins de qualité : « Il faut du personnel qualité au chevet du patient. »
2. Plus de poids dans la politique et sur le terrain : « Il faut que nous puissions parler en notre nom propre. »
3. Une formation solide et uniforme avec la promotion : « il faut promouvoir la formation continue pour maintenant la qualité des soins et l’apprentissage permanent. »
4. Augmenter l’attractivité de la profession : « Il faut un équilibre vie professionnelle-vie privée »
5. Davantage de temps et d’attention à la déontologie et à l’éthique : « Les infirmiers courent beaucoup. Ils voudraient avoir plus de temps pour soigner le patient et de réfléchir aux actes qu’ils posent. Il y a une perte de sens par rapport aux soins. »
La parole aux infirmiers
« De plus en plus d’infirmiers quittent la profession, débordés et démotivés. Il est essentiel de briser ce cercle vicieux afin de garantir des soins de qualité, aujourd’hui et demain », affirme l’UGIB.
Les chiffres récents (analyse MAHA, 2022) révèlent un ratio infirmier-patients très élevé (1 sur 11). En comparaison, la moyenne européenne est de 8 lits par infirmier. Cela engendre une surcharge de travail pour les infirmiers restants, ainsi que la fermeture forcée des services qui ne répondent pas aux normes en matière de personnel.
Par ailleurs, un infirmier sur dix (11,3 %) dans les hôpitaux généraux est en absence maladie, et la tendance à l'absentéisme de longue durée (plus d'un an) est même à la hausse, selon le rapport MAHA 2023. Dans la pratique, l'UGIB note que toutes les infirmières sont soumises à une charge de travail énorme.
« Il s’agit d’un dangereux cercle vicieux », avertit l’UGIB, « les infirmiers abandonnent, tandis que le nombre de patients ne fait qu’augmenter en raison du vieillissement de la population. Les derniers baby-boomers atteignent à présent l’âge de la retraite. Cette spirale ne peut être brisée que moyennant un soutien structurel au secteur du côté des politiques. »
L’UGIB explique en détail en quoi devrait consister ce soutien dans son mémorandum percutant intitulé « Qui soigne les soignants ? ». L’Union des infirmières identifie donc cinq priorités politiques, assorties de solutions concrètes. Cinq infirmiers incarnent ce mémorandum à l’aide de « fiches d’urgence ». À travers ces fiches, ils racontent leur histoire, leurs symptômes et le « traitement » ou la solution à leur problème.
> Découvrir le mémorandum de l'UGIB