Autour de la table, les priorités budgétaires pour les soins de santé sont au coeur des discussions. Après une réunion importante en Médicomut lundi soir, où chacun a voulu rentrer sa liste de besoins (ou d’envies), la réalité budgétaire s’est imposée à chacun et chacune : à ce stade, il n’y a pas de marge budgétaire.
Chaque intervenant va donc retourner à sa table de travail avec une seule recommandation : se concentrer sur 5 priorités. Un enjeu de taille pour l’avenir des politiques nouvelles de soins de santé.
Au moins l’indexation
Il n’y aurait donc vraiment pas de moyens disponibles ? Il y a évidemment l’indexation ( 6, 05%) et des discussions sur un document budgétaire où l’on oscille entre un petit déficit ou un petit gain.... On annoncerait un déficit du budget de soins de santé qui serait de 41 millions d’euros mais il ne faut pas oublier le gel, en mars 2023, de 225 millions de la part du gouvernement.
Au Comité d’assurance, quelques heures auparavant, les intervenants n’avaient pas été plus heureux. Là, seuls des chiffres 2023 avaient été évoqués. Tout va donc se discuter, à présent entre les différents intervenants d’ici au 2 octobre date de la prochaine Médicomut.
Les raisons de la complexité
Si tout est aussi compliqué cette année, c’est notamment en raison de la volatilité de l’activité sur les derniers exercices. Pour rappel, l’Inami évidemment doit toujours faire des estimations sur des volumes d’activité en matière de soins de santé. Là, toutefois, lorsqu’on compare 2023 à 2022, on se retrouve devant des chiffres dont il convient de se méfier.En effet, dans un moment particulier post-pandémie, l’année 2022 a été une année de sous-consommation majeure : à cet instant-là, en effet, de nombreux médecins spécialistes avaient perdu entre 13 et 15% de leurs revenus et essentiellement dans les hôpitaux puisque c’était là qu’il y avait le moins d’admission. Pour rappel, la reprise après le covid avait été lente notamment, à cause, du manque de personnel et des salles d’opération et de soins plus souvent fermées.
Une embellie courte ou longue ?
Depuis toutefois, les spécialistes peuvent compter sur une reprise accélérée. L’évolution des consultations/avis/visites à domicile des médesins (généralistes/spécialistes) a connu une progression de 5,7% est en croissance pour les 5 premiers mois de l’année 2023 mais rien ne dit que cela continuera d’ici à la fin de l’année. Il s’agit d’une très bonne nouvelle pour les spécialistes et les hôpitaux, les infirmières, les généralistes... Mais comment va-t-elle s’inscrire dans la durée ? Quelle est la part de la récupération de l’activité perdue pendant le covid (deux poussées de covid) ? Quelle est la part de l’activité qui va rester sur la durée ?
Des premiers chiffres
Cet aspect, il est évidemment très important pour les spécialistes et les directions hospitalières mais aussi pour les gestionnaires des finances de l'Etat. Pour 2024, selon certains acteurs autour de la table, on prévoit une croissance de 7,26% des honoraires médicaux et si on prend les honoraires sans la radiologie et la biologique, mais avec les consultations, la cardiologie, la pneumologie.. les chiffres se situeraient autour d’une croissance de 11,3%. Des chiffres avec lesquels, vous l’avez compris, il convient de rester prudent.
Un milliard plus et des incertitudes
Concrètement donc, si on prend les données de l’année 2022 par rapport aux estimations de l’année 2023, pour les honoraires des médecins, les chiffres passent de 9 milliards à plus de 10 milliards. Soit un milliard en plus, soit près de 10%. Evidemment, il convient de ne pas oublier l’index de 2023 de plus de 8 %. Cela laisse quand même 2% de croissance en volume. Il va donc y avoir un risque dépassement....
Cela explique l’incertitude et les calculs à ajuster pour ne pas avoir de très mauvaises surprises au milieu de l'année.
Tous ces éléments additionnés, les uns ou autres, rendent à présent les discussions complexes jusqu’au 2 octobre. Les calculettes vont chauffer et les 5 priorités devront être chiffrées au centime près notamment lors du prochain Comité d’assurance de lundi.