Le Dr Wouter Van den Abeele n’est pas d’accord avec la prétendue conclusion d’un rapport d’Eurostat, à savoir que le Belge est le citoyen qui paie ses soins de santé le plus cher. Le montant soi-disant excessif est sujet à discussion. En outre, l’économiste de la santé, Lieven Annemans, va bien trop vite en besogne avec ses conclusions, surtout lorsqu’il affirme que le médecin généraliste belge est inaccessible.
Le 29/11/2019, le quotidien De Standaard publiait un article intitulé «Belg betaalt het meest voor zijn gezondheid» (Le Belge est le citoyen qui paie ses soins de santé le plus cher). C’est ce que révélerait un rapport d’Eurostat. La Belgique arriverait ainsi en tête du classement européen en termes de ticket modérateur.
On en conclut donc immédiatement que notre système de soins de santé n’est pas aussi accessible que ce que l’on veut généralement nous faire croire. Le ticket modérateur coûterait en moyenne 1.300 euros à nos citoyens, soit bien plus que dans certains de nos pays voisins.
Objectivement parlant, 1.300 euros par an, ce n’est pas rien. En moyenne, nous payons donc de notre poche environ 108 euros par mois pour notre santé.
Ce montant est-il considérable? Tout à fait justifié? Ou, au contraire, excessif? Cela dépend de la façon dont on envisage les choses. Après tout, il est quand même question de notre santé. Et la santé reste, j’ose espérer, notre bien le plus précieux. Nous devons en prendre soin, le chérir et tout mettre en œuvre pour que notre vie soit agréable. À la lumière de ces considérations, j’estime personnellement que 100 euros par mois n’est pas un montant exagéré pour un bien de première nécessité.
Une comparaison incorrecte
A fortiori si l’on regarde tout ce qui est compris dans ce montant, à savoir les visites chez le généraliste, les spécialistes, les hospitalisations, les médicaments et même les suppléments. Ces 1.300 euros incluent également le montant pris en charge par l’assurance-hospitalisation, ce qui n’est pas toujours le cas pour les chiffres des autres pays. Autrement dit, cette comparaison avec d’autres pays européens est en réalité biaisée et ne permet donc pas de tirer des conclusions fiables.
Soit dit en passant, il convient également de noter la hausse des primes d’assurance-hospitalisation et le fait que notre système se focalise trop sur la guérison plutôt que de miser sur la prévention, si bien que les gens achètent de leur propre initiative des produits de santé souvent coûteux.
Les commentaires du Pr Annemans
Dans l’article en question, le Pr Annemans, célèbre économiste de la santé, commente les chiffres en sa qualité d’expert. Celui-ci est d’accord avec les chiffres, et explique le coût prétendument élevé de notre médecine par des éléments bien connus depuis des décennies, à savoir la promotion insuffisante de la prévention, le financement des hôpitaux, le système des suppléments, l’explosion des primes d’assurance-hospitalisation en partie à cause du système des suppléments, etc.
Vient ensuite une série d’arguments visant à démontrer que l’accessibilité n’est pas optimale.
À aucun moment, le Pr Annemans ne parle des développements innovants en médecine qui, logiquement, font grimper le coût des traitements. Pas un mot non plus sur le faible taux d’emploi de la population belge, qui remet en cause le financement de notre sécurité sociale. Idem pour le vieillissement de la population, un autre sujet brûlant. La structure de la population par âge est-elle similaire dans tous les pays visés par l’enquête?
Bref, il suffit apparemment que nous payions un ticket modérateur soi-disant élevé pour conclure que notre système pourrait être bien meilleur en termes de disponibilité ou d’accessibilité.
Injoignables?
«Les gens disent que les généralistes sont injoignables». Pardon? Les généralistes belges sont injoignables? J’invite M. Annemans à parcourir l’Europe et à nous dire où les gens sont pris en charge plus rapidement que dans notre petite Belgique. Je l’encourage également à regarder ce que le patient paie pour une consultation chez un spécialiste dans les autres pays européens.
Nous n’avons pas attendu M. Annemans pour savoir que les fondements s’effritent.
Peut-être devrait-il se présenter au poste de Ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, afin de nous proposer sa solution idéale pour sauver notre système en ruine?
Derniers commentaires
Jacques DE TOEUF
06 décembre 2019Avec un tel ministre aux manettes, ce sera en tout cas la ruine des prestataires praticiens indépendants.
Quant aux coûts à charge du patient, je m'étonne que personne ne mentionne les sommes énormes déboursées pour les couronnes et implants dentaires, et les verres optiques: c'est dans ce dernier secteur que les montants non remboursés sont très élevés avec des montants de plusieurs centaines € par verre, et que d'innombrables personnes sont confrontées à ces dépenses qui ne peuvent être différées.
Les tickets modérateurs sur les médicaments et la consommation des médicaments non remboursables font aussi partie du paquet à charge.
Le TM en médecine générale (1 à 6 €) et en médecine spécialisée (12 €) n'est pas un élément explicatif du report de soins par certains patients, mais bien le reste à charge en médicament et appareillages médicaux.
Jacques MAIRESSE
06 décembre 2019Mr Annemens s'est autoproclamé" Economiste de la santé", ce type est un incapable dont toutes les analyses sont biaisée par sa partialité... arrêtons de l'écouter. Une autre étude (dans le Lancet?) parue il y a deux deux ans concernant l'accessibilité des soins dans tous les pays de la planète nous qualifiait d'une médecine de haut niveau et d'accessibilité des meilleures. Quant à la pénurie des généralistes et d'autres spécialités médicales (médecins de la transfusion, médecins d'expertise judiciaire, etc. la liste est longue) elle a plusieurs causes: la première est ce numerus clausus débile imposé par quelque lobbies, la deuxième par la dévaluation de certaines spécialités... et l'évolution sociologique des patients et des médecins. Un des premiers pays a avoir imposé le Numerus Clausus est la France qui est en train de faire marche arrière... L'économie n'est pas une science, les économistes n'ont jamais rien prévu, la seule chose qu'ils sont capables de faire c'est d'essayer d'interpréter le passé et comme les historiens incapables de prévoir l'avenir... Nous vivons dans le monde de la tyrannie des fausses analyses.