Je sais qu’il est de bon ton, actuellement, de vilipender la ministre de la santé. Mais aujourd’hui, je voudrais faire le contraire et dire merci! Oui... c’est osé, et si vous lisez jusqu’au bout vous aurez le droit de ne pas être d’accord avec moi. Mais, cette crise nous apprend aussi la solidarité et que s’encourager est souvent beaucoup plus productif que de se détester.
Tout est compliqué à vivre aujourd’hui: le confinement, les pénuries, la courbe de décès, les incertitudes et je comprends la tentation qui nous pousserait à vouloir trouver un responsable et l’en blâmer. C’est le principe du bouc émissaire, on trouve un coupable, on l’élimine (façon de parler) et on espère avoir résolu le problème. Rassurant en quelque sorte.
Qu’il faille, en fin de crise une commission d’enquête et un vrai processus de changement en profondeur me semblerait mille fois plus profitable que de faire tomber une tête et de recommencer le même cycle de non prévoyance jusqu’à la prochain crise.
Donc, plutôt que de blâmer, d’autres s’en chargent beaucoup mieux que moi, aujourd’hui je voudrais dire merci. Derrière la ministre, ou à ses côtés, il y a un cabinet ministériel , des administrations qui sont eux-mêmes constitués de personnes. Des gens comme vous et moi, des hommes, des femmes, de tous les types. Des gens qui continuent à travailler de chez eux, qui font la file aux magasins, qui ont peur pour leurs proches et leurs aînés. Des personnes qui ont envie de faire de leur mieux avec les moyens qu’ils ont. Et c’est eux que je voudrais ne pas oublier aujourd’hui et que je voudrais remercier pour leur travail de l’ombre, leurs efforts malgré le découragement parfois, la fatigue souvent.
Ces dernières semaines ont été l’occasion de voir se tisser une collaboration étonnante entre des parties qui en général au mieux se respectent à distance et au pire se regardent avec méfiance : l’Inami, le SPF, les organismes assureurs et les représentants des médecins, syndicats et associations (Absym, GBS, Collège de médecine générale, par exemple). Les contacts se sont noués rapidement, les questions justes posées, les réponses élaborées ensemble et mises en pratique en moins temps qu’il n’en faut pour le dire. J’en veux pour preuve, dans mon domaine, les codes temporaires de télé- ou visioconférence qui ont été activés pour les psychiatres et pédopsychiatres.
J’en retiens quelques grandes leçons pour plus tard.
Finalement, on a tous le même objectif : offrir les meilleurs soins dans les meilleures conditions possibles en prenant en compte la réalité du moment, quelle qu’elle soit.
Et puis, c’est en cas de crise que l’on s’aperçoit de l’utilité réelle des modèles de concertation mis en place ces dernières années. Les acteurs de cette concertation ont appris à se connaître et peuvent activer leurs réseaux de manière rapide quand cela s’avère indispensable. Le respect mutuel et la bienveillance prévalent, le souci de faire au mieux également.
Enfin, tout ça peut être rapide et passer par la technologie du 21ème siècle. Oui oui!
Rester solidaires et bienveillants ne veut pas dire naïfs et ignorants. Des réponses devront être données aux manquements dans la gestion de cette crise mais n’oublions pas notre humanité, n’oublions pas de voir les personnes derrière les fonctions.
Aux soignants mais également aux travailleurs dans les administrations publiques, à l’Inami au SPF, aux ministères, aux personnes qui travaillent dans les supermarchés, aux policiers, aux éboueurs, à toutes ces personnes qui le méritent, je dis merci.
Derniers commentaires
Catherine GILLAIN
10 avril 2020Je suis tout à fait d'accord. Dr Catherine Gillain
Abdelhamid LALAOUI
10 avril 2020L'être humain est un être instinctif, réactif "combat, fuite, paralysie" et cela dans tout ce qu'il vit, en pensée, en comportement et dans son ressenti . Le résultat dépendra toujours des situations , des besoins du moment, des blessures qui vivent inconsciemment en lui. Il ne le sait pas tant qu'il est dans ce conditionnement en lien avec sa culture , son éducation, ses expériences de vie ...Voir le bien , le bon et le juste à faire ne peut être qu'une décision consciente , responsable pour que son évolution soit enfin humaine avec des valeurs justes , amicales, respectueuses , basées sur des compréhensions fondées, claires et non pas sur des théories quelconques . Être ministre est une fonction pratiquée par cet être humain qui est dans tous ces états . Celui qui le critique également. Un jour il faut que cet humain s'éveille à ce fonctionnement et décide volontairement , consciemment de faire bien...
Fernand DENDONCKER
06 avril 2020Nous savons, nous psychiatres, à quel point la projection est un procédé facile et courant pour défouler les tensions dues à la tragédie humaine, c'est-à-dire à ce qui, bon gré mal gré, nous échappe. Depuis la nuit des temps, le bouc émissaire remplit cette fonction. Hélas! Quelle hécatombe de boucs! Être engagée syndicalement et prendre le risque courageux d'aller contre ce flot est un acte fort qui révèle une grandeur morale. C'est ce qu'on peut attendre de mieux dans l'épreuve, la révélation d'une force créatrice. Bravo et merci!
Dr Fernand DENDONCKER
yves deom
06 avril 2020Ça fait du bien un article plein de bon sens en cette période de confinement et de lynchage... Merci madame
Jacques DAELE
05 avril 2020La ministre fédérale de la santé remplit au mieux son rôle de ministre mais encore mieux et indépendamment de sa volonté un rôle social de bouc émissaire dont en période de crise chaque société a besoin.
Livia MARZA
05 avril 2020????????
Xavier Van Der Brempt
04 avril 2020Merci chère Consoeur, et tout à fait d'accord avec vous.
Et je constate en lisant les réponses qu'à part un commentaire dissonnant, les autres sont tous d'accord avec vous.
Cela me réjouit !
En effet, dans un contexte totalement inédit, nos principaux responsables se sont réunis rapidement, efficacement, ont pris des décisions communes, NATIONALES, le tout en écoutant très sagement les scientifiques, les seuls à pouvoir tant bien que mal expliquer et prévoir les données sanitaires dans cette pandémie dont la rapidité et la virulence ont pris tout le monde de court.
Nous sommes comme tous dans un paquebot, qui navique sur les flots, ballotté de toutes parts, qui ne sait pas exactement où il va, mais qui navigue sans couler. Pour cela il faut de bons capitaines, même si personne n'est parfait. Pour le moment, je pense qu'en effet nous n'avons qu'à nous louer d'avoir les capitaines que nous avons.
Alors oui, au lieu de critiquer stérilement, aidons-les; scrutons l'horizon pour découvrir d'éventuelles contrées hospitalières (sans jeu de mot...), et soyons créatifs pour traverser cette crise.
Courage et soutien à tous ceux qui en ont besoin...
Catherine WARNOTTE
03 avril 2020Je suis entièrement d'accord. Merci.
Catherine KESTENS
03 avril 2020Merci Caroline !
La campagne de lynchage de là ministre est juste scandaleuse !
Bien sûr qu’il y a eu des erreurs , dès manquements mais les « yakas , faucons » jugent mais ne proposent rien.
Aux acteurs de terrain ou individus limités mais respectueux des règles de confinement je dis Merci ????????.
Vincent LAMY
03 avril 2020Merci Caroline et si cette crise pouvait nous rendre un peu de raison et nous rendre plus sereins et tolérants. Malgré la crise qui nous tombe dessus il y a tellement de pays où ils ne pourront que pleurer leurs morts.
Monique HORION
03 avril 2020Chère consoeur,
J'ai lu attentivement votre commentaire, quand vous dites que M.Deblock est un bouc émissaire c'est peut-être vrai.
Quand vous dites par contre qu'une commission d'enquête devrait arriver à prouver quoi que ce soit concernant cette doctoresse Ministre , de surcroit de la santé, j'ai de sérieux doutes.Aucune commission d'enquête n'a jamais fait tomber un ministre.
Quand vous la remerciez pour son incompétence cela devient risible.
Vous oubliez vite ses paroles indignes d'une personne avec tant de responsabilités .Il s'agit d'une petite grippe!!!!
BLIJFT IN UW KOT lorsqu'elle intervient à la télévision
Marc BEAUDUIN
03 avril 2020Merci ! Gardons raison... une telle crise touchant tous les pans de notre société belge bien compliquée nous montre que sa gestion avec les différents niveaux de pouvoir à été dans l’ensemble bien géré. Certes il faudra après en analyser les forces et les faiblesses de cette gestion. Ceci ne doit pas nous empêcher de remercier tous les corps de métiers publics , privés , bénévoles ...Nous ne devrons jamais l’oublier ce dévouement !
Philippe RENARD
03 avril 2020Je suis d'accord; le coronavirus entraîne une réaction de recherche de coupable, dans une situation de dangerosité critique et imprévisible ou le covid-19 est le seul responsable.
Il faut continuer à se solidariser tous jusqu'au bout.
Marc TOMAS
03 avril 2020Merci, vous avez raison. Et ça aurait été encore tellement mieux avec un vrai plan sanitaire de catastrophe en place depuis 2009! Parce que derrière vos paroles bienveillantes, il y a des MORTS et de trop nombreuses familles dans la tristesse et le désarroi. Je ne l'oublierai JAMAIS.
Jean-Marie BERTRAND
03 avril 2020Dr Depuydt,
Voilà une bien heureuse initiative. Et, se surcroit, vous l'exprimez de façon juste, nuancée et convaincante pour toutes celles et tous ceux qui ont à l'esprit la bien meilleure plus-value d'un "merci "plutôt que d'un "coup de gueule réprobateur". Pour les autres, cela restera sans doute une nouvelle occasion de critique, mais bon...
Et donc, un tout grand MERCI pour cette merveilleuse et réconfortante intervention.
Dr Bertrand
véronique lemaire
03 avril 2020:)