Le plan pandémie qui avait été élaboré en 2006 lors de l'épidémie de grippe H5N1 aurait dû être mis à jour, mais cela n'a pas été fait, a déclaré vendredi le docteur Piet Vanthemsche, co-président de l'Economic Risk Management Groupe (ERMG) et commissaire Influenza à l'époque, devant la commission spéciale de la Chambre chargée d'examiner la gestion de l'épidémie de Covid-19 par la Belgique. Selon lui, ce plan aurait pu servir de base lorsque l'épidémie de Covid-19 s'est déclarée, même si "aucun plan n'aurait été adéquat pour gérer cette pandémie."
Piet Vanthemsche av ait été nommé commissaire interfédéral Influenza en 2005, afin de lutter contre la grippe H5N1. Il était resté à ce poste jusqu'à l'été 2006, après avoir élaboré un plan pandémie. Son équipe comprenait notamment Yves Van Laethem et Marc Van Ranst, ce dernier lui ayant succédé au poste de commissaire.
"Ce plan aurait pu offrir une base pour combattre la pandémie. Oui, il y avait une structure, mais un plan ne reste qu'un plan", a-t-il toutefois nuancé. "Quand on voit les aspects épidémiologiques (du Covid-19), aucun plan n'aurait été véritablement adéquat. Tout plan doit être corrigé et adapté pendant une crise."
Selon M. Vanthemsche, la mise à jour du plan de 2006 n'a jamais été réalisée. "Pourquoi? Il faut poser la question aux personnes venues après moi. Il y a eu sans doute d'autres priorités politiques. Et y avait-il suffisamment d'effectifs pour maintenir à jour ce type de plan?", s'est-il interrogé. "A l'avenir, il faut garder un plan pandémie, mis à jour et opérationnel." Selon lui, "l'institution appropriée pour mettre à jour ces plans, à l'instar du plan d'urgence nucléaire, est le centre de crise fédéral."
"L'épidémie a-t-elle été bien abordée? Difficile d'y répondre. Je laisse à votre sagesse d'en décider", a-t-il conclu à l'attention des députés. "La principale difficulté de cette épidémie était son ampleur. Les nombreuses inconnues sont une source importante de problèmes."
Pour l'avenir, Piet Vanthemsche a appelé à l'importance d'une "unité de commandement", pointant la structure institutionnelle complexe de la Belgique. "En phase 4, on passe en effet au niveau interfédéral. Mais il y a ce seuil à franchir", a-t-il souligné, appelant à réfléchir à un phasage clair des mesures.
Selon le co-président de l'Economic Risk management Group, chargé des aspects économiques, il n'y a pas eu de jeux d'influence avec le RMG, chargé des aspects sanitaires. "Quand il n'y a pas de bonne gestion de la pandémie, il n'y a pas d'économie. Et quand il n'y a pas d'économie, il n'y a pas de soins de santé. Les deux ne sont pas opposés", a-t-il estimé.
M. Vanthemsche ne s'est enfin pas montré opposé à la restriction temporaire de certaines libertés en cas de pandémie, tout en préférant l'approche européenne de la crise. "L'Union Européenne ne compte pas de dictatures comme on en connaît ailleurs dans le monde. On paye un certain prix pour cela, c'est exact. Mais à tout choisir, je préfère ce système-ci malgré ses faiblesses. La différence (avec certains pays asiatiques) tient au système politique. La Chine est une dictature. Si vous êtes une personne à risque, on vous enferme dans un hôtel jusqu'à la fin de votre quarantaine." Piet Vanthemsche s'est toutefois demandé s' il n'était pas utile de renforcer malgré tout certaines mesures. "Pourquoi ne pas rendre l'application coronalert obligatoire? Les personnes qui ne respectent pas les règles de quarantaine mettent en danger les autres."