Philippe Leroy, le directeur général du CHU Saint-Pierre ne cache pas cette réalité : « En un mois, nous avons eu trois fois plus d’heures supplémentaires que sur l’ensemble de l’année 2019. »

Jours et nuits, 7 jours sur 7. La pandémie n’a pas ménagé les médecins et le personnel médical dans les hôpitaux. La plupart ont travaillé sans compter pour soigner des patients sérieusement atteints. « Nous avons doublé notre capacité d’accueil dans les services de soins intensifs pour être certain de pouvoir répondre à l’augmentation des cas dès le début de la crise et nous avons réussi à absorber tous les patients » explique Philippe Leroy du CHU Saint-Pierre.

Cette mobilisation des moyens a des conséquences aujourd’hui « Nous avons  trois fois plus d’heures supplémentaires en un mois que sur l’ensemble de l’année 2019. Nous n’avons pas calculé nos efforts. On a formé 3 à 400 personnes et on a crée 33 lits de soins intensifs COVID, soit plus de 100% de nos lits agrées. Nous avons pu heureusement compter sur des vases communiquant dans nos équipes avec un personnel très motivé. »

Il est évidemment conscient que le fait que le CHU soit un hôpital de référence a amené « un appel d’air parce qu’on avait plus de lits covid que d’autres....et que certaines zones de Bruxelles étaient plus touchées que d’autres. »

Des problèmes différents d’un hôpital à l’autre

De son côté Paul D’Otreppe, président de l'Association belge des directeurs hospitaliers (ABDH), insiste sur l’importance pour chaque hôpital de dialoguer avec tous les acteurs au sujet des heures supplémentaires : « C’était très variable d’un hôpital à l’autre en fonction de son organisation. Certains soignants avaient peur et demandaient à être mis au chômage pour force majeur. On pouvait le comprendre. On avait de tout....mais on se trouvait dans un système cadré. Ces heures, on peut les payer et on peut les récupérer. Des soignants disent éprouver le besoin de repos. C’est une question d’organisation et de mobilité. Suivant l’organisation des hôpitaux...Par exemple, à Namur, on a fait des tournantes... Au moment où l’on a été confronté au Covid, on savait qu’on allait avoir des heures supplémentaires suivant les services et que certains services non-covid devraient continuer à fonctionner (rien ne change en psychiatrie et en gériatrie). »

Financement par pathologie

Il le reconnaît cette situation est surprenante : « Toutes les règles de la gestion de l’hôpital ont été remises en cause. On s’est mis à table avec les syndicats et les médecins...On a mis des anesthésistes au soin d’intensifs, des cardiologues en pneumo....si on avait été dans un financement par pathologie, on aurait pu mieux anticiper cela. On aurait demandé « qui veut aider et où tu veux aller », cela aurait permis d’aller plus vite.

Au CHU de Liège, Julien Compère le directeur général gère aussi les heures supplémentaires : « Nous avons été attentifs à la situation et nous la gérons pour l’instant. Il est primordial que le personnel récupère car nous restons inquiets si nous devions gérer rapidement une seconde vague. »