Le « Congress on Healthcare Leadership » vient de se terminer à Chicago aux États-Unis. Organisé par l'American College of Healthcare Executives (ACHE) il couvre des domaines spécifiques de la médecine tels que les systèmes de santé et la gestion des hôpitaux.  Le Dr Gilbert Bejjani y était. Témoignage …

“ Ce Congrès a mis en avant le côté inéluctable de la transformation digitale des soins mais aussi la transition vers un système en réseau, la standardisation et le shift ambulatoire. Aux USA, le débat est le même qu’en Europe même si le modèle de financement n’est pas le même. Ce sont les mêmes enjeux.” témoigne le Secrétaire général de l’Absym.

Encodage et question du GDPR en Europe

La problématique du manque de ressources humaines y est aussi bien réelle. “Le développement du digital va aider notamment au niveau de l’encodage. Les médecins vont devoir de moins en moins encoder eux-mêmes. Ils vont le déléguer aux machines pour le dossier médical et à des spécialistes en la matière pour optimiser le financement. Les infirmières aussi. 

La digitalisation et la reconnaissance vocale vont encore améliorer le travail des médecins. J’ai eu l’occasion d’assister à une présentation en temps réel dans un hôpital qui utilise les solutions de Nuance et de Microsoft. Les nouveaux développements sont impressionnants. Ils ne pourront toutefois pas arriver tout de suite en Europe à cause du GDPR qui est un frein au partage numérique. Cette reconnaissance digitale est tout à fait intégrée dans le dossier électronique du patient et cela permet une plus grande efficacité et un meilleur suivi des consultations.”

Pour lui, "si on diminue le temps d’encodage, on va libérer du temps pour les soignants et améliorer le chiffre d’affaires des hôpitaux. Il faut que les bonnes compétences soient plus que jamais mises au bon endroit. Les médecins spécialistes ne doivent plus faire de l’encodage. Il faut donc développer le volet informatique et digital avec des personnes qualifiées."

Objectiver la qualité des soins

Les données restent essentielles pour tout. Au Congrès, il a été montré que "les données récoltées par les médecins doivent aussi permettre de mieux objectiver la qualité des soins notamment au niveau des indicateurs de qualité et de performance . A terme, cela va permettre aussi de comparer les médecins entre eux mais aussi d’avoir une vraie co-gouvernance médicale basée sur des faits. En effet, certains équipements  peuvent paraître plus chers à première vue, notamment dans le domaine de la robotique, avec des temps opératoires plus longs,  mais ils peuvent être plus rentables parce que les patients ont moins de complications ou de réadmissions.”
Le Dr Gilbert Bejjani rappelle aussi que “pour que la digitalisation fonctionne au mieux chez nous, et pour que l’accès à l’innovation soit plus facile, il faut aussi que l’on tende vers une standardisation des dossiers électroniques des patients. Je ne demande qu’il y en ait qu’un seul en Belgique, mais il ne peut pas y en avoir 10.”

Paiement forfaitaire
Lors du Congrès, il a aussi pu voir qu'aux USA, 25% des paiements sont devenus forfaitaires. Même si cette avancée a été plus lente que prévue, la prédiction est que quand on atteindra 30% de paiement forfaitaire, le changement sera inéluctable et le paiement sera basé sur la qualité des soins au meilleur, voire au plus bas prix. Cela va dans le sens de la réforme de notre ministre de la Santé, pour ceux qui se demandent encore pourquoi..."

L’éthique et le matériel de pointe
Un autre aspect important a été abordé lors du Congrès : “L’éthique des soins va être de plus en plus cruciale dans les années à venir." Le concept JEDI dans le leadership, c’est aussi Justice, Equité, Diversité et Inclusion ». 

Par ailleurs, pour le manager, il faut également une réflexion sur la qualité du matériel proposé pour assurer la qualité des soins. L’innovation est ce qui attire désormais les meilleurs médecins vers les hôpitaux : “Le Congrès a en effet montré que les médecins veulent un matériel de pointe, et que si le médecin n’a pas ce matériel de pointe, il se rend dans une autre institution. Les hôpitaux doivent en avoir conscience”

L’ABDH était présente en force au Congrès. Comme le rappelle le Dr Gilbert Bejjani, "c'est la seule institution européenne qui est affiliée à ACHE comme association reconnue et dont les séminaires sont certifiés. Cela permet aux soignants du niveau Bachelor de toute l’Europe de nous rejoindre. Ils peuvent devenir membre pour suivre nos séminaires et avoir des points d’accréditation. ”

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