10 000 lits virtuels: comment le NHS redéfinit les soins hospitaliers

Face à la pression croissante sur les services de santé, le NHS explore des solutions innovantes comme les soins hospitaliers virtuels à domicile, un modèle susceptible de transformer la prestation des soins. Toutefois, des questions demeurent quant à la préparation des patients et des professionnels, ainsi qu'à l’impact sur les équipes cliniques.

En septembre 2023, le NHS England a annoncé avoir atteint son objectif de déployer 10 000 lits virtuels, qualifiant cela de « bond en avant considérable » dans sa stratégie de transformation des services de santé. L’idée est de permettre aux patients souffrant de pathologies moins graves de se rétablir chez eux, tout en désengorgeant les services d’urgence et en libérant des lits hospitaliers.

« Les patients préfèrent toujours être chez eux, dans leur propre lit, entourés de leur famille. Ils se rétablissent plus rapidement », explique, dans un rapport du site anglais DigitalHealth, Louise Hough, directrice des opérations clients de Current Health au Royaume-Uni. Le NHS England affirme que les patients traités à domicile se rétablissent aussi bien, voire mieux, que ceux hospitalisés, avec des risques de réadmission plus faibles et un meilleur bien-être mental.

Le modèle pourrait également engendrer des économies significatives. Par exemple, au sein du Croydon Health Services NHS Trust, une étude a montré des économies de plus de 742 £ (882 euros) par patient et une réduction de 70 % des réadmissions.

Le NHS vise à traiter 50 000 patients par mois dans ces unités virtuelles, avec déjà 240 000 patients pris en charge à domicile depuis janvier 2023. Cependant, ce rythme soulève des inquiétudes quant à la capacité des établissements à suivre.

Un transfert complexe des soins hospitaliers au domicile

Le passage des soins hospitaliers aux soins à domicile n'est pas une simple transition. Il repose sur une technologie de surveillance à distance tout en exigeant des équipes qu’elles maintiennent un niveau de soins comparable à celui des hôpitaux. La complexité des technologies pourrait freiner l'adoption, en raison des craintes liées à la sécurité des patients.

John Cooling, président de Whzan Digital Health, reconnaît que l’adoption des soins virtuels nécessite un accompagnement important des équipes soignantes habituées aux soins en personne. Whzan propose un kit de télésanté permettant de surveiller les signes vitaux à distance, facilitant ainsi le suivi des patients tout en allégeant la charge des équipes.

Impact sur les effectifs : une charge supplémentaire ?

Bien que les soins virtuels puissent théoriquement alléger la pression sur les équipes, ils nécessitent souvent un personnel supplémentaire pour les gérer. Selon Alan Payne, directeur chez Access Group, « les unités virtuelles actuelles nécessitent plus de personnel pour fonctionner », bien qu’elles réduisent la surcharge des urgences et améliorent les conditions de travail des soignants.

Ce modèle pourrait également réduire le taux de rotation du personnel, un enjeu crucial alors qu'un tiers des employés du NHS envisagent de quitter leur poste, selon une enquête de mars 2023.

L’acceptation par les patients : un facteur clé du succès

Le succès des soins virtuels dépendra également de l'acceptation par les patients et le public. Une étude de 2020 au sein du Croydon NHS Trust a montré que 87 % des patients avaient une expérience positive des soins virtuels. Une autre enquête de 2023 révèle que 71 % du public britannique se disent prêts à être traités dans une unité virtuelle, sous certaines conditions.

Toutefois, la réticence provient souvent des professionnels de santé, qui craignent que les patients ne reçoivent pas les soins nécessaires à domicile. Pour surmonter ces réticences, il est essentiel de fournir aux soignants les outils nécessaires pour garantir la continuité des soins à domicile.

Louise Hough souligne enfin que l’engagement des parties prenantes au sein du NHS est crucial pour la réussite de ce modèle. « L’adhésion des équipes cliniques est indispensable, car ce sont elles qui connaissent le mieux les patients et recherchent les solutions adaptées », conclut-elle.

> Découvrir l'intégralité du rapport (EN)

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.