Suite aux violentes explosions qui ont secoué Beyrouth mardi de nombreux médecins libanais et belges se sont mobilisés. « La Smel, la société médicale euro libanaise, va centraliser tous les dons pour apporter une aide médicale concrète » explique le Dr Gilbert Bejjani
Les violentes explosions qui ont secoué Beyrouth mardi ont fait au moins 137 morts, alors que des dizaines de personnes restent portées disparues et que 300.000 sont sans-abri. Rapidement, à la vue de ces images, en Belgique, de nombreux médecins libanais et belges se sont mobilisés. Parmi eux, le Dr Gilbert Bejjani, arrivé du Liban à l'âge de 17 ans pour entrer à la faculté de médecine de l'ULB, est très investi dans la SMEL, la société médicale euro libanaise.
Des médecins blessés, hôpital détruit
Anesthésiste-réanimateur, il est en contact permanent avec des médecins et de la famille sur place : « Ma famille elle était à 4-5 km de l’explosion. Mon frère était dans son bureau. Il a été touché par des débris mais il va bien. J’ai des amis médecins de ma promotion qui sont évidemment au travail dans les hôpitaux. Les médecins et les infirmières ont eu l’habitude de situations difficiles dans ce pays mais là l’ampleur était encore plus importante. On a un ami gynécologique qui a eu une jambe fracturée. »
Dans le pays, c’est le chaos : « Ils ont déclenché le plan d’urgence dans les hôpitaux. » Les jeunes, les enfants, les femmes sont blessés. « C’était l’horreur absolue » me dit un ami médecin dans un témoignage.
La Smel va recueillir les dons
Justement en Belgique la SMEL, société médicale euro libanaise, va centraliser les dons : « Notre association est active depuis 15 ans pour des projets en Belgique et au Liban. Nous avons déjà reçu des appels de médecins belges qui veulent aider. Nous investissons toujours dans des projets concrets. On exige qu’il y ait des personnes locales qui nous rendent des comptes dès que des sommes sont dépensées. A titre d’exemple, une des premières aides que l’on ait faites pour le Liban à l’origine de l’association était la livraison d’une ambulance mobile équipée. »
Le numéro de compte pour faire des dons est : IBAN: BE47 3701 1458 5480 Avec la communication Aide pour le Liban
Le souffle de l’explosion a fortement endommagé le « Saint-Georges Hospitals ». « Un de nos médecins de la SMEL y travaille dans le quartier le plus touché. Il a reçu quelques blessés au début mais après il a du transférer tous les patients parce que l’hôpital était trop endommagé. »
Un drame sur un drame quotidien
Cette catastrophe vient s’ajouter à une situation sanitaire déjà très compliquée : « Au Liban, tout récemment, la situation était tellement compliquée que les hôpitaux n’avaient plus, à cause de la crise financière, les moyens de payer les factures pour importer des produits ou du matériel. Ils manquaient d’argent pour acheter des médicaments pendant le Covid aussi évidemment. » Et il ajoute « Là, la situation s’aggrave. »
L’ILMA aidera aussi
La SMEL est membre d’une autre association. « Depuis 3 ans, l’International Libanese Medical association a été crée. C’est une association qui regroupe toutes les associations médicales libanaises dans le monde. » Aujourd’hui, l’ ILMA comprend plus de 22 pays. « Cette association nous permet d’être mieux reconnu par les autorités du Liban : Depuis deux ans, on a aidé pour le COVID avec des conseils et des conférences, mais aussi avec des colis alimentaire ... Juste après l’explosion, l’ILMA a réécrit au ministre de la santé et au Premier ministre pour dire qu’elle allait donner le soutien maximal. »
L’aide de la Belgique : B-Fast et les grands brûlés
Le bâtiment de l'ambassade belge a aussi été endommagé, comme l’a indiqué dans un tweet le ministre des Affaires étrangères Philippe Goffin. "Deux collègues et deux membres de leur famille ont été légèrement blessés par des éclats de verre." Deux belges ont également trouvés la mort dans les explosions.
Le ministre a annoncé plusieurs aides au Liban dans une interview à la RTBF " Un C-130 est prêt à décoller afin d'acheminer de l'aide humanitaire, l'Hôpital Militaire Reine Astrid est en capacité d'accueillir des grands brûlés, la cellule d'identification (Disaster Victim Identification - DVI) est disponible, la Protection civile aussi et une équipe d'aide médicale est prête à partir. " La Belgique avait rapidement signalé être prête à apporter une assistance, notamment via les équipes d'intervention d'urgence de B-Fast, mais il restait à voir comment rencontrer les attentes précises des Libanais.
L’aide internationale : un hôpital de campagne
De son côté, la France va envoyer un détachement de la sécurité civile et « plusieurs tonnes de matériel sanitaire. Des urgentistes vont également rejoindre Beyrouth au plus vite pour renforcer les hôpitaux. » Les USA, l’Angleterre, même Israël, pays voisin du Liban avec lequel il est techniquement en état de guerre, ont proposé une aide humanitaire et médicale. La Russie a annoncé qu'elle envoyait cinq avions transportant des médecins, des équipes de sauvetage spécialisées dans la recherche de victimes, ainsi que du matériel pour monter un hôpital de campagne à Beyrouth. Enfin, de son côté, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que 20 tonnes de matériel sanitaire destiné à soigner les personnes blessées par l'explosion massive de Beyrouth ont atteint la capitale libanaise.
La cargaison livrée par avion permet de couvrir 1.000 interventions post-traumatiques et 1.000 opérations chirurgicales. De son côté, la Commission européenne a endossé un rôle de coordination, s'appuyant sur les offres d'aide des divers États membres. D'emblée, l'exécutif européen a annoncé gérer l'envoi d'au moins une centaine de pompiers spécialisés en recherche et secours en zone urbaine.
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