La croissance des cas covid a un impact important sur les hôpitaux bruxellois et liégeois principalement. Les transferts de patients se multiplient. Les reports d’opérations commencent, la fatigue et la pénurie de personnel se font sentir. Petit tour d’horizon.
Au Chirec, le Dr Philippe El Haddad, directeur général médical du Chirec reconnaît que quelques transferts sont réalisés pour le moment. « Nous avons 51 patients covid sur les 3 sites du Chirec et un cas suspect. Cela commence à devenir limite. » Au niveau du personnel, la situation est plus compliquée aussi : « Le personnel est fatigué. La circulation rapide du virus provoque une augmentation des frottis positifs, des contacts positifs et on manque de réactif. D’ici une semaine, on pourrait être en pénurie de réactif. »
Il rappelle l’importance de continuer de soigner tout le monde : « On ne peut pas se permettre de seulement soigner les cas covid. Il y a un retard important de patient non covid à soigner et il faut penser à eux. C’est évidemment plus compliqué de soigner les deux en même temps. »
A l’hôpital Saint-Jean, on compte actuellement 35 cas covid auxquels il faut ajouter deux cas validés au soins intensifs. Le personnel est aussi mis à contribution parce que le taux d’absentéisme est plus élevé qu’à l’accoutumée à la suite de la hausse des cas positifs et des mises en quarantaine (ou des cas dans les écoles qui provoquent des départs du personnel pour les gardes de leurs enfants).
"Ces deux derniers jours, nous avons cessé d'accepter les patients Covid-19 dans notre clinique car nos quatre lits dédiés en unité de soins intensifs sont tous occupés. Lorsque cela est nécessaire, nous transférons les patients vers d'autres hôpitaux de notre réseau ou au-delà", a déclaré Florence Feys, porte-parole de Clinique Sain-Jean.
Trente autres patients Covid-19 sont pris en charge par l'unité de soins infirmiers régulière de la clinique bruxelloise.
Aux cliniques universitaires de Saint Luc, « on rappelle que le personnel a déjà fourni beaucoup d’effort et qu’il est fatigué... mais qu’il n’y a pas, pour l’instant, de déprogrammation d’opération prévue. »
Continuer à se soigner
Au CHU Saint-Pierre, « la situation est proche de la saturation. » De manière globale, Etienne Wéry, administrateur délégué des hôpitaux Iris (CHU Brugmann, CHU Saint-Pierre, Iris Sud, Jules Bordet et Hôpital des Enfants), rappelle qu’une logique de répartition a été mise en place. « On demande que plusieurs dizaines de cas soient transférés. Comme cela, nous éviterons de faire passer la Région bruxelloise en phase 1B. Chaque médecin-chef gère. On appelle les hôpitaux en Wallonie et en Flandre. » Il souligne aussi qu’il est vital de « garder toute l’activité programmée au sein de l’institution. Il faut garder l’accès à l’hôpital et dire aux malades de ne pas postposer les soins. »
A l'UZ Brussel, quatre nouveaux patients ont été accueillis ces 24 dernières heures mais huit patients Covid-19 ont par ailleurs été autorisés à quitter l'hôpital. Huit autres patients sont pris en charge par l'unité de soins intensifs, dont six sont sous respirateur et deux patients reçoivent un soutien pour les fonctions cardiaques et pulmonaires.
Difficulté des transferts et déprogrammation
Pour Julien Compère, administrateur délégué du CHU de Liège. : « La situation est vraiment difficile. C’est peut-être facile de transférer des patients à Bruxelles mais chez nous, c’est plus difficile de transférer à Huy. On ne peut pas répartir dans la province parce que plusieurs hôpitaux ont atteint des niveaux importants. »
L’autre enjeu à son niveau se situe dans la déprogrammation: « On a commencé à déprogrammer. Chaque service doit déprogrammer un volume dans son activité. Avec cela, j’espère, si cela se stabilise un peu, tenir un petit peu encore. »
Enfin, il salue le travail du personnel : « On a beaucoup de pénurie d’infirmiers. On a des lits et des blocs opératoires fermés à cause d’un manque d’infirmiers. On a des gens contaminés. C’est au niveau du personnel que c’est le plus difficile. »
Suivi psy du personnel
Au CHC à Liège, Philippe Devos, chef des soins intensifs à l'hôpital du Montlegia à Liège et président de l’Absym, reconnaît que « c’est tendu depuis une semaine. » Pourtant, il avait anticipé cette seconde vague : « On a passé les trois derniers mois à organiser une éventuelle seconde vague pour retarder le plus possible le moment où l’on devrait délaisser les patients non-covid. Avec cette organisation et notre nouvel hôpital, on a 10 malades au soin intensif ...et on n’a pas besoin de déprogrammer. »
Il sait que la situation peut évoluer vite : « Si on a deux ou trois patients en plus, on devra peut-être penser à déprogrammer. Ce n’est pas exclu pour la semaine prochaine » Enfin, il reste très vigilant pour son personnel : « On n’a pas énormément de malades dans le personnel. On a des psy qui font du débriefing pour les soutenir. On sait que le personnel est extrêmement démoralisé et fatigué psychiquement. Mais tout le monde est conscient qu’il va falloir travailler. »
Les prochains jours risquent en effet être très tendus dans tous les hôpitaux...