Tous les directeurs généraux et chefs de radiologie des hôpitaux bruxellois dénoncent la décision du Ministre de la Santé de ne pas octroyer d'appareil IRM supplémentaire à Bruxelles. Cette décision, publiée au Moniteur belge le 30 mai 2024, juste avant les élections fédérales, ignore les besoins croissants des patients bruxellois. Les hôpitaux demandent d'urgence trois nouveaux appareils IRM pour réduire les temps d'attente catastrophiques.
Pour rappel, au total, 159 appareils sont désormais autorisés, comme le stipule un arrêté royal du 7 mai, publié jeudi dernier. Parmi eux, 89 sont autorisés pour la Région flamande (augmentation de 15) et 49 pour la Région wallonne (augmentation de cinq). Pour la Région de Bruxelles-Capitale, le nombre maximum d'appareils reste inchangé à 21.
Cette situation est jugée inacceptable par GIBBIS et Caroline Franckx, Présidente du Groupe Hôpitaux de GIBBIS et Directrice générale du CHU Brugmann, ne le cache pas : « L’heure est grave pour la santé des Bruxellois. »
Le manque d’IRM en Belgique, l’urgence bruxelloise
Pour Karel Van De Sompel, Directeur général de GIBBIS, le message est clair : « Nous avons 21 machines à Bruxelles et nous en voulons 3 de plus. C’est une question d’urgence. La décision du ministre est incompréhensible. »
L’IRM est une technologie devenue indispensable pour avoir un diagnostic rapide et fiable. « Nous sommes indignés de voir qu’aucun appareil supplémentaire n’est prévu pour Bruxelles. Les patients souffrent des délais d’attente et ne peuvent bénéficier rapidement d’un traitement adéquat. Malgré l’ouverture des plages d’examens en soirée et la nuit, nous ne pouvons répondre aux demandes. Nous ne pouvons pas accepter que les patients bruxellois soient laissés sur le côté. Nous sommes déçus, indignés et fâchés. »
La réalité vécue sur le terrain
De son côté, la Prof. Mieke Cannie, Cheffe du Service de Radiologie au CHU Brugmann, ne cache pas que sa conscience professionnelle lui demande d’être là pour défendre les patients. « Nous avons 850 lits et nous n’avons qu’un seul IRM. Nous avons aussi besoin d’IRM pour diminuer les radiations des patients. Nous devons faire face à des délais d’examen inacceptables. Par exemple, pour une suspicion de SEP, le patient doit attendre plusieurs mois. Ce n’est pas normal. »
Elle ajoute qu’il « n’est pas acceptable que l’on demande à des patients malades de venir à 2 h du matin pour passer un examen. Certains patients ne savent pas prendre les transports en commun au milieu de la nuit pour se faire soigner. »
Dans une lettre, envoyée au GIIBIS le vice-premier ministre Vooruit fait référence à "l'intensité" de l'utilisation des appareils. Un audit de l'INAMI sur l'imagerie médicale lourde, réalisé sur la base des données de 2017 à 2019, a montré que le nombre d'examens effectués par appareil à Bruxelles est inférieur à celui des deux autres régions. Cela "peut évidemment influencer les temps d'attente que vous mentionnez", écrit Vandenbroucke.
Les IRM au centre de l'évolution médicale
La qualité des soins et la recherche sont aussi oubliées dans la réflexion du ministre selon le Prof. Jean-Michel Hougardy, Directeur général Médical de l’Hôpital Universitaire de Bruxelles (HUB) : « Comme hôpital académique, nous devons pouvoir répondre aux besoins des patients pour toutes les maladies, même les plus complexes. Nous avons aussi au quotidien un travail de recherche important. Les IRM sont au cœur de la recherche médicale. Les technologues, les ingénieurs, les physiciens et les médecins travaillent ensemble à notre expertise en la matière. Sans IRM, on peut avoir des plans de soins interrompus. Ce n’est pas acceptable, surtout face à des maladies potentiellement graves. À titre d’exemple, il faut attendre jusqu’à septembre pour une IRM digestive ou cardiaque. » Par ailleurs, pour lui, « Bruxelles est une zone de transit, tant pour les Belges vivant hors de Bruxelles que pour les touristes ou les travailleurs de différentes institutions. Nous ne pouvons pas être résumés à un ratio par 100.000 habitants. »
GIBBIS attend, à présent, un geste concret du ministre socialiste comme le rappelle le Dr Philippe El Haddad, Vice-président et Directeur général du Chirec : « La décision du ministre est inacceptable. 30% des Belges, qui ne vivent pas à Bruxelles, se font soigner à Bruxelles. Le temps moyen d’attente est de 3 à 6 mois. Tout cela fait perdre un temps précieux aux patients et aux médecins. Il faut trois machines supplémentaires sur Bruxelles et la libéralisation à long terme. Le ministre doit nous permettre de soigner les patients avec les bons outils et au bon moment.
Lire aussi:
> Aucun des appareils IRM en plus pour Bruxelles: inacceptable pour F. De Smet (DéFI)
> Pas d'appareil IRM supplémentaire à Bruxelles: Philippe Close partage son incompréhension
Derniers commentaires
Erik FRANCOIS
09 juin 2024Tout ceci est vraiment absurde.
Je me souviens très bien des pamphlets du ministère incitant à faire moins de scanner et plus d'IRM.
Les hôpitaux ont investi dans les IRM notamment sous cette impulsion.
Et ont dû ensuite les démanteler!! Interdiction d'utiliser la 2ème IRM "illégale", même en cas de panne de la première.
Ensuite les horaires de nuit et de weekend absurdes se sont installés, et on fait des scanner en attendant les IRM.
Dans bien des cas on fait donc le scanner irradiant ET, plus tard, l'IRM.
Cela entraîne pour le patient de se déplacer une fois de plus, d'attendre dans l'angoisse, de perdre du temps et de l'argent.
Cela entraîne pour le médecin demandeur un effort supplémentaire s'il faut une IRM dans un délai raisonnable, et souvent de passer du temps précieux à appeler le radiologue. Le radiologue doit passer du temps à répondre, à essayer de faire de la place. Ce temps médical est perdu pour les soins, d'une part, et contribue à la frustration et contribue une petite pierre de plus à l'édifice du burnout.
Il serait utile de nous démontrer les économies réalisées, en tenant compte de tous ces éléments, par cette succession de mesures iniques concernant les IRM en Belgique. Honte aux ministres successifs dans leur oeuvre de démolition d'un système de santé performant. Et c'est d'autant plus incompréhensible qu'une grande partie de ces mesures ne font PAS faire d'économies.
Marc L'Hermite
07 juin 2024Donc on veut interdire aux non-bruxellois de se faire traiter à Bruxelles, y compris dans les 3 hôpitaux académiques, y compris l'institut Bordet et l'Huderf ?? Et que l'on envoie les bruxellois se faire faire leurs IRM en-dehors de l'agglomération?
Les expatriés "de passage" et les étudiants non domiciliés à Bruxelles sont-ils compris dans ces calculs?
La situation sur le terrain au jour le jour me fait quand même fortement douter de cette assertion que l'intensité d'utilisation à Bruxelles puisse être moindre qu'ailleurs!
Bernard Defer
07 juin 2024Le ministre a déjà fait un irm ??
A ottignies rv pour irm de l épaule l année prochaine au plus tot
Nous sommes e democratie
Votons pour le partit qui libérera l irm
B defer
Radiologue
Francois Planchon
06 juin 2024Bizarre : n'est-il pas socialiste, avec un discours de son parti favorable à une médecine accessible et de qualité...
Avoir un double langage, c'est franchement schizophrénique...
Essayer de comprimer un budget en créant des pénuries artificielles c'est hypocrite...
C'est une gifle donnée à nos étudiants autochtones motivés, de continuer de freiner le nombre de médecins entrant dans les études par un concours... (càd que ceux qui réussissent ne sont pas certain d'âtre bien classés) alors que les pénuries sont évidentes, alors que les hôpitaux engagent des médecins étrangers européens pour compenser le manque de médecins diplômés... qui eux n'ont pas de limite dans leur nombre, avec octroi automatique de no Inami (ils représentent +/- 30%..).