Après le rejet par le Cimacs de l’accord (signé par le Vaso) prévoyant un statut social digne de ce nom pour les Médecins Assistants Candidats Spécialistes (MACS) obtenu au sein Commission nationale paritaire médecins-hôpitaux (CNPMH), de nombreux MACS ont levé le pied ce jeudi dans les hôpitaux francophones. Réactions des directions hospitalières et du représentant du CIMACS
A Liège, Bruxelles, Namur et Charleroi, de nombreux MACS ont montré leur solidarité et leur désaccord dans les hôpitaux francophones depuis ce matin. Ils sont contre l’accord qui a été trouvé sein Commission nationale paritaire médecins-hôpitaux (CNPMH) pour la revalorisation du statut social pour les Médecins Assistants Candidats Spécialistes (MACS).
La grève au finish n'est pas une bonne solution
A Bruxelles notamment, le Pr Jacques Jani, Président du Conseil médical du CHU Brugmann, note qu’une « grande majorité des médecins assistants font grève. On soutient leur cause. L’hôpital a été réorganisé en conséquence aujourd’hui. »
A Liège, le Dr Philippe Devos, chef adjoint du service des soins intensifs, Président du conseil médical au CHC à Liège et président de l'Absym vit la même situation : « Nous aurons des assistants qui font grève. Nous avons adapté nos services. Par contre, on m’a dit que l’ensemble des assistants de l’hôpital de Huy vont travailler. Chaque institution va vivre avec des réalités différentes. Évidemment, je suis déçu que cet accord n’ait pas été signé par le Cimacs qui a oublié que Rome ne s’est pas faite en un jour. Nous avons quand même obtenu des avancées très importantes. »
Pour d’autres directeurs médicaux contactés, la grève au finish n’est pas une bonne solution pour les hôpitaux et les patients surtout qu’il y a eu un accord. “Il faut éclaircir la situation dans les prochains jours. Les hôpitaux ne pourront pas maintenir les mêmes services pendant de nombreuses jours ou semaines.”
Les directions hospitalières s'adaptent
Du côté des directions hospitalières, Julien Compère, directeur général du CHU de Liège rappelle qu’un accord a été trouvé : « Nous défendons cet accord qui donne des évolutions positives aux médecins-assistants. Suivant les services, il y a aujourd’hui une grève qui est plus ou moins bien suivie au CHU. Évidemment, nous allons expliquer le détail de l’accord aux médecins-assistants. »
Pour Yves Smeets, Directeur général de Santhea, “il s’agit d’un bon accord. On a trouvé un bon équilibre. Le ministre de la santé a fait un effort de son côté. Il y aura encore des discussions sur d’autres points comme l’impact sur les pensions. Évidemment, nous déplorons l’attitude extrémiste et incompréhensible du représentant du Cimacs. Il n’a pas eu une attitude responsable. Dans ce qu’il demande, il y a vraiment des éléments irréalistes. On a l’impression qu’ils ont été très mal conseillés juridiquement. Exiger un contrat de travail, c’est impossible à mettre en oeuvre. La législation ne le permet pas, il y a une directive européenne qui cadre cela. ”
Face aux grèves, les hôpitaux vont s’adapter : “Nous devrons travailler et les médecins spécialistes vont devoir suppléer pour les permanences et les gardes. Nous n’avons pas le choix. Les différents hôpitaux ont pris leur disposition, mais il faut bien expliquer qu’il y a un accord qui va être transcrit par le ministre en arrêté royal. Ils ne vont pas obtenir plus que ce qui a été signé hier.”
Le Cimacs veut des évolutions
“Aujourd’hui de très nombreux assistants font grève.” Jean-Michel Mot, porte-parole du Cimacs tire un constat sombre après la mauvaise journée qu’il a passée hier. “C’est un très mauvais texte qui a été signé (pas par nous) et qui va léser tous les assistants qui travaillent 48 h de moyenne. C’est vrai qu’il y a des avancées pour les femmes enceintes, mais elles étaient déjà dans la loi. Hier, le Dr de Toeuf m’a gentiment invité à quitter la table parce que les acteurs autour de la table pouvaient voter le texte sans moi. Je n’en veux pas à Jo De Cock qui a fait son travail, je sais qu’il n’a pas beaucoup de marges de manoeuvre On n’a pas voulu nous écouter et je crois que les médecins-assistants du Vaso ont signé trop vite cet accord.”
A présent, quand la grève peut-elle s’arrêter? Qui peut l’arrêter ?
“Il faut que l’on écoute nos revendications. Même nos supérieurs sont d’accord avec nous. Le gouvernement doit respecter les conditions de travail des assistants, mais aussi des infirmiers. On attend que les acteurs revoient ce texte. Nous allons donc continuer la grève. Nos ministres doivent prendre leur responsabilité."
Cet accord a toutefois été signé au niveau fédéral, il est contraignant pour vous? Si certains assistants francophones veulent que cet accord soit appliqué à leur personne individuellement? “En fait, techniquement, c’est voté... donc l’accord nous est imposé. Cela va poser des problèmes sur le terrain évidemment.”
Où est vraiment le problème pour le Cimacs dans cet accord ?
Pour le Cimacs, cette proposition n’est qu’un leurre bien camouflé : “Nous sommes d’accord de travailler 48/ semaine, mais les syndicats médicaux et le SPF santé refusent de créer un nouveau barème qui coûterait trop cher. Par ailleurs, le fameux “Opting out” est toujours d’actualité. Nous n’en voulons plus. Faut-il encore expliquer les abus liés à cet avenant au contrat qui permet aux médecins en formation de travailler entre 60 et 72 h hebdomadaires. Le système est fait de telle sorte qu’il est presque impossible de ne pas le signer sous peine de se mettre tous ses confrères et consoeurs à dos. On veut pouvoir travailler dans de bonnes conditions. Ce n’est pas un caprice des médecins en formation francophones. On veut juste que les erreurs du passé ne soient pas répétées. La grève n’est pas une action facile.”
Du côté des réseaux sociaux , beaucoup de commentaires de MACS francophones soulèvent la question d'un retour à la table des négociations pour le futur. Gageons que nous ne sommes pas à la fin du feuilleton et qu'un nouvel épisode pourrait être tourné.
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