Directeur médical du Centre Hospitalier Jean Titeca, le Dr Pierre Oswald vient d’être nommé Président de la Conférence des Médecins-Chefs des Hôpitaux Psychiatriques de Bruxelles et de Wallonie ! Il entend continuer à sensibiliser les autorités sur la place et l’importance du rôle de ces hôpitaux dans notre société.
« Cette conférence existe depuis de nombreuses années. Durant la crise covid, elle a pris une place plus importante. Nous devions porter la voix de l’hôpital psychiatrique, quelque peu oublié entre l’hôpital général et les structures résidentielles. Notre conférence est à présent associée aux discussions et concertations avec les autorités. Nous y rappelons aussi que l’hôpital psychiatrique a évolué et que ce n’est plus une maison de fous comme certains le pensent encore. »
Trajet de soin
L’hôpital psychiatrique est pleinement une étape du trajet de soin : « Il n'est plus le seul acteur des soins en santé mentale. La réforme 107 a mis le patient au coeur du traitement. L’hôpital psychiatrique a comme vocation de participer à l’autonomie et au rétablissement du patient, afin qu’il prenne les décisions pour sa santé. L’hôpital est un lieu de crise, d’hospitalisation courte. D’ailleurs, les durées d’hospitalisation baissent année après année et sont en moyenne de moins de trois mois. Nous nous inscrivons donc dans un réseau qui comprend tant la première ligne que les maisons de soins psychiatriques ou les initiatives d’habitations protégées.... Et afin de favoriser le concept de santé globale, Nous proposons à présent d’autres types de soins que seulement des soins psychiatriques au sens classique du terme (soins somatiques...). Nous avons comme objectif que le patient retrouve son domicile à terme et ce, de manière autonome.
Hôpitaux connectés
Aujourd’hui, les hôpitaux psychiatriques sont modernes et connectés : « Nous travaillons actuellement au Centre Hospitalier Jean Titeca sur un projet d’intelligence artificielle qui pourra, entre autres, en recueillant des informations quantitatives et qualitatives sur la charge de travail, développer des algorithmes et allouer en temps réel les ressources aux meilleurs endroits. A terme,l’intelligence artificielle permettra de gérer les flux des patients, d’améliorer leur évaluation et donc de participer à l’amélioration globale des soins»
Les nouvelles technologies touchent aussi les traitements (par exemple, la réalité virtuelle permet d’appréhender les troubles anxieux et, de manière plus expérimentale, d’autres pathologies plus extrêmes comme la pédophilie).
La question des réseaux
L’avenir et le développement des hôpitaux psychiatriques passeront aussi par les futurs réseaux : « Nous ne savons pas encore si les hôpitaux psychiatriques vont faire des réseaux entre eux ou avec les hôpitaux généraux. » En attendant, les spécialistes se retroussent les manches depuis deux ans. « En effet, le nombre de demandes explose avec des troubles de première ligne comme l’anxiété et la dépression. Nous devons aussi faire face à une hausse des demandes des adolescents. Heureusement, les autorités ont dégagé quelques millions supplémentaires pour nous permettre d’accompagner ces jeunes dans de meilleures conditions. C’est une très bonne nouvelle parce que nous étions dans des situations réellement problématiques. »