L'entreprise de Turquie qui devait livrer des masques à la Belgique d'ici dimanche soir fait l'objet d'une enquête pour fraude Les commandes du SPF santé publique sont toujours en attente. Celle de la Région wallonne et bruxelloise peine à démarrer
Si toutes les mesures de fermeture pour réduire la dissémination du virus ont été prises par le gouvernement (avec retard ou pas selon les avis), la véritable faiblesse du gouvernement actuel se situe sans conteste au niveau de la commande des masques.
La ministre de la santé, Maggie de Block vient de le reconnaître : « L ‘entreprise de Turquie qui devait livrer des masques à la Belgique d'ici dimanche soir fait l'objet d'une enquête pour fraude. Nous attendons une première cargaison limitée de masques au début de la semaine prochaine. Ceux-ci seront répartis entre nos prestataires de soin. Nous avons en outre différents contacts avec d'autres fournisseurs qui s'accélèrent à présent". Le virologue Marc Van Ranst avait déjà évoqué plus tôt dans la journée le fait que la fenêtre de livraison était en train de se fermer. "Pourtant, nous avons vraiment besoin de ces masques. Nous faisons face à un gros problème", a-t-il alerté.
Approvisionnement catastrophique
Pour Julien Compère, directeur général du CHU de Liège, la situation est critique : « Nous sommes très inquiets au niveau de notre approvisionnement en masque. Nous n’avons aucune visibilité. La situation devient très inquiétante pour les patients et le personnel. On ne sait pas quand nous serons livrés ! »
Du côté des urgences des hôpitaux, certains médecins évoquaient le fait qu’il fallait plus de 40 masques par jour pour traiter au mieux un patient COVID19 à ce rythme...on va droit à la catastrophe avec les stocks actuels...
Pour rappel, la Belgique avait effectué cette commande, comprenant différents matériels de protection pour un montant de cinq millions d'euros, dans le cadre d'un achat groupé européen, il y a plusieurs semaines. Le matériel de protection étaient destinés aux généralistes et aux hôpitaux. Tant la commande fédérale que la commande européenne n’arriveront donc pas ce week-end ni lundi ou mardi...et la commande francophone (Wallonie-Bruxelles) ne s’annonce pas bien non plus : « Il est très difficile de trouver des masques actuellement et d’être certain du sérieux des intervenants » nous dit cette source proche du gouvernement wallon. Par ailleurs, les prix explosent....
20 masques achetés sur e-bay
De son côté, David Simon, médecin généraliste à Colfontaine, membre de l’Association Belge des Syndicats Médicaux (ABSyM), est aussi inquiet : « La principale erreur est de ne pas avoir commandé des masques entre décembre mi-février. La ministre fédérale de la santé a nié le problème. Aujourd’hui, les dentistes, les infirmières, les kinés et évidemment les médecins sont en danger. » Il a lui-même pris les choses en main : « J’ai acheté les 20 derniers masques disponible sur e-bay. Il y a encore des commandes possibles sur Alibaba mais évidemment, il faut vérifier les intervenants... »
Sur le terrain, les médecin réfléchissent à des solutions « systèmeD » : « On évoque la possibilité de tourner plusieurs fois une écharpe autour de sa tête, de nettoyer les masques et de les chauffer au fer à repasser ou encore de les mettre dans des bains d’alcool... Il faut oser dire les choses, il n’y a pas un dixième des médecins de notre région qui à un stock de masque pour plus de 5 semaines alors qu’on annonce plus de 6 semaines au moins de pandémie. » s'inquiète le généraliste de Colfontaine.
"Si les masques n’arrivent pas ce sera une situation apocalyptique" conclut David Simon.
Ce manque de masques de protectiona un impact direct sur les médecins au quotidien comme Le Spécialiste l'a révélé ce matin et Medi-Sphère hier. Au moins quatre médecins ont déjà été hospitalisés: un généraliste à Charleroi, trois spécialistes, dans un état grave, dans le Hainaut et à Bruxelles. Plusieurs médecins, par ailleurs, sont déjà en mesure d’éviction et doivent rester à leur domicile
Lire aussi ;
> Coronavirus : 3 médecins spécialistes de 40 ans hospitalisés
> Coronavirus : un généraliste de Charleroi sous respirateur