La province de Luxembourg, de par sa situation géographique notamment, connaît des problèmes de recrutement de médecins urgentistes dans ses hôpitaux. Ceux-ci sont toutefois exacerbés par une tension qui existe actuellement au sein de l’hôpital de Marche (IFAC). Mais que se passe-t-il vraiment à Marche ? Et dans les autres hôpitaux de la Province de Luxembourg ?
Le Conseil médical de l'IFAC a décidé de supprimer la rétrocession des suppléments d'honoraires en faveur des urgentistes. Cette décision diminuerait de plus de 10 % le taux horaire des urgentistes des hôpitaux de Marche. Cela a amené à un départ de plusieurs médecins et membres du personnel des urgences. Depuis quelques jours, l’ensemble des urgentistes de Marche sont démissionnaires.
Perte de revenus
Le directeur général de Vivalia, Yves Bernard tient à remettre avant tout cette situation en perspective : « En 2015, le Dr Gillet avait élaboré un plan de refinancement des urgences en province de Luxembourg. Une association des services d’urgences avait été créée pour les hôpitaux de Bastogne, Marche, Libramont et Arlon et une revalorisation financière avait été prévue. » Il s’agissait d’un vrai plan de redéploiement des urgences en province de Luxembourg. « Les conseils médicaux des différentes institutions y participaient financièrement en augmentant les suppléments d’honoraires de 20%. Le gestionnaire avait de son côté augmenté la cotisation AMU de 600.000 euros grâce à la province et aux communes. Cela nous a permis de recruter des médecins et du personnel de qualité. »
Cet accord a bien fonctionné un temps. « Seule la mobilité des urgentistes restait difficile entre les sites. Le conseil médical de Marche a alors dénoncé l’accord. Pourtant, cette association n’a pas coûté un euro aux médecins. Ils oublient que 15 à 20% de l’activité est générée par les urgences, il est donc normal que les autres spécialistes interviennent. »
Perte de 200.000 euros
Face au refus du Conseil médical de Marche de poursuivre le paiement de sa part, la situation est devenue plus compliquée : « L’association allait perdre plus de 200.000 euros. Les urgentistes de Marche et de Bastogne n’ont pas apprécié d’être payés moins que les autres urgentistes des autres institutions (alors que c’est le conseil médical de Marche qui avait pris cette décision). Ils ont entamé une action juridique contre les gestionnaires. Ils ont petit à petit démissionné parce qu’ils trouvaient de meilleures conditions ailleurs dans le pays. »
La direction ne peut compenser seule cette perte de 200.000 euros : « Le gestionnaire ne peut pas intervenir pour le compte du conseil médical de Marche parce qu’au sinon, il devra le faire pour les autres hôpitaux aussi de la province de Luxembourg. » précise Yves Bernard.
« Aujourd’hui, le Dr Pascal Pierre, directeur aux affaires médicales chez Vivalia essaie de trouver une solution de compromis. On a trouvé un accord pour 2021 qui doit encore être confirmé. Rien encore pour 2022. Les médecins, les services des urgences regrettent tous la décision des médecins et du Conseil médical de Marche. »
La recherche de solution
Pour le Dr Pascal Pierre qui est chargé de déminer la situation, le problème de base a été le choix posé par le Conseil médical de Marche : « Nous avons des urgentistes en préavis. Nous négocions actuellement pour retrouver des moyens pour offrir un salaire équivalent pour le site de Marche par rapport aux autres sites de la province. Si chacun met de la bonne volonté, une solution sera trouvée d’ici à la fin du mois. Nous allons encore refaire des propositions dans les jours qui viennent. »
De son côté, le Dr Jérôme Job, chef des urgences des CSL et coordinateur de l’association des services d’urgences de la Province de Luxembourg est très clair : « Il nous manque des médecins urgentistes. Nous travaillons tous activement à une amélioration de la situation. La direction de l’hôpital de Marche cherche aussi des solutions. Je ne prends pas position ni pour l’un, ni pour l’autre mais nous devons trouver une solution pour que les urgentistes de Marche retrouvent le salaire précédant. Nous avons chroniquement des difficultés à recruter des médecins ».
L'administration veille
De son côté, la ministre wallonne de la santé est consciente de la situation comme elle l’a expliqué au Parlement : « La Direction de l'audit et de l'inspection de l'AViQ, en collaboration avec l'Inspection de l'hygiène fédérale, a réalisé des inspections au sein de l'ensemble des services d'urgence et des SMUR agréés de l'intercommunale Vivalia. Ces inspections se sont terminées à la fin du mois de juin et une liste des manquements a été transmise aux gestionnaires des hôpitaux de l'intercommunale Vivalia, à qui il a été demandé de communiquer des solutions rapides et opérationnelles visant à éviter de nouvelles mises en rouge des fonctions SMUR dans la province. L'intercommunale Vivalia a communiqué une réponse qui est toujours en cours d'analyse par l'AViQ.
En fonction de l'analyse précitée, il est fort probable qu'il s'agira de poser la question avec mon collègue fédéral Vandenbrouck en y associant l'intercommunale Vivalia d'une éventuelle réorganisation de l'aide médicale urgente en Province de Luxembourg. Aucune piste ne doit être écartée. »
Les prochains jours seront très importants pour la continuité des soins en province de Luxembourg