Exit Iris-Achats. L’ancienne centrale hospitalière d’achats bruxelloise s’ouvre désormais au marché national et aux structures de santé non-hospitalières. Rebaptisée Healthcare Public Procurement (HeCaPP), la nouvelle structure, officiellement active au 1er octobre, a été présentée ce 24 septembre aux décideurs du secteur de la santé.
Iris-Achats a été créée en 2002 et regroupait initialement le CHU Saint-Pierre, l’Institut Jules Bordet, l’Huderf, le CHU Brugmann et les Hôpitaux Iris-Sud. Par la suite, le Laboratoire Universitaire de Bruxelles (LHUB-ULB) les a rejoints.
« En 2002, la législation sur les marchés publics était nettement moins contraignante, et les hôpitaux y prêtaient moins d'attention », contextualise Jean-Christophe Gautier, directeur des achats d’Iris-Achats (IA). « De 2002 à 2013, IA était principalement une centrale de négociations relativement légère, ayant un rôle de planification entre les différents partenaires. Au début des années 2010, d'autres centrales d'achats se sont installées sur le marché belge, telles que la Centrale de négociation pour les achats hospitaliers (Acah) et Mercurhosp. IA est devenue alors une centrale parmi d’autres. La nouvelle loi sur les marchés publics a été publiée en 2013. À cette époque, IA n’a pas bien négocié le virage, en pensant que des juristes pouvaient acheter tout ce qui est nécessaire au bon fonctionnement d’un hôpital sans nécessairement posséder des connaissances de terrain. Mi-2019, l’équipe a été remplacée. À la demande de Dirk Thielens, j’ai proposé un plan quinquennal pour relancer Iris-Achats. Cette évolution a conduit à la création de la nouvelle structure, qui vient d'être rebaptisée. »
Développer l’expertise
L'un des premiers changements majeurs a été le recrutement de nouveaux membres pour la centrale, issus de l'industrie et du secteur hospitalier. Ces acheteurs sont spécialisés dans l’imagerie médicale, le médicament, le dispositif médical, le matériel pour le nursing, etc.
Une autre mesure importante a été la création de partenariats avec d’autres centrales d’achats afin de développer une expertise complémentaire. « Le premier partenariat a été noué avec l’Ugap, une centrale d’achats française qui fonctionne comme un grossiste et propose un catalogue de produits. Nos hôpitaux partenaires belges peuvent commander via notre intermédiaire lorsque nous n’avons pas les compétences en interne ou que nous devons acheter très rapidement », explique Jean-Christophe Gautier. « Nous collaborons également avec Mercurhosp. Nous nous réunissons plusieurs fois par an afin d’analyser les dossiers que nous souhaitons mettre en commun. Ensuite, à tour de rôle, un des partenaires prépare le dossier commun pour les deux centrales d’achats. Ce partenariat permet de massifier la demande auprès des fournisseurs lorsqu’il est opportun de le faire. »
Le Covid, une période charnière
La crise sanitaire a poussé IA à répondre aux demandes des CPAS et de certaines communes bruxelloises. « Durant cette période, IA est devenue la plateforme pour toutes les structures bruxelloises ayant besoin d’équipements de protection individuelle. Tous les CPAS, les écoles, les communes ont commencé à nous contacter, et nous avons essayé de répondre à toutes ces demandes. Depuis, 13 CPAS bruxellois nous ont rejoints, ainsi qu'une structure de Chapitre XII. En 2022, l’Hôpital Erasme a décidé de quitter l’Acah pour devenir membre d’IA, car les deux autres entités de l’Hôpital universitaire de Bruxelles étaient déjà adhérentes chez nous. »
Depuis janvier 2023, les Hôpitaux Iris-Sud ont externalisé l’ensemble de leur service des marchés publics chez IA. « Nous avons engagé trois personnes pour gérer tous les marchés publics de fournitures et de services pour HIS. »
Par ailleurs, IA accueille des stagiaires en ingénierie biomédicale de l’École polytechnique de Lyon. « Ces stagiaires de 4e ou 5e année sont formés à la compréhension des équipements médicaux. Durant 4 à 5 mois, ils élaborent un cahier des charges après avoir reçu une formation sur les marchés publics et sur l’utilisation de notre logiciel », précise Jean-Christophe Gautier.
Naissance de l’HeCaPP
Il y a deux ans, IA a décidé de s’agrandir tout en conservant ses membres associés (les hôpitaux publics bruxellois et le LHUB) et en s’ouvrant à de futurs membres associés demandant une période d’essai de trois ans, ou à des adhérents, qu’il s’agisse de grandes structures (hôpitaux, mutualités, laboratoires, fédérations de soins à domicile) ou de petites structures (CPAS, maisons de repos, etc.). « Les adhérents peuvent travailler avec nous de manière ponctuelle. Ils paient une cotisation annuelle réduite. Nous nous rémunérons en prélevant un pourcentage sur le chiffre d’affaires attribué aux fournisseurs. C’est ce que nous proposerons à partir du 1er octobre à toutes les structures actives dans les domaines de la santé ou du social en Belgique. Le changement de nos statuts nous permet de répondre aux demandes qui nous étaient faites. Nous avons mis en place un nouveau modèle de gouvernance et une tarification claire et transparente pour tout le monde. »
Pour finaliser cette transformation, la structure Iris-Achats a été rebaptisée Healthcare Public Procurement (HeCaPP). « Cette appellation ne fait plus directement référence aux hôpitaux publics bruxellois », souligne Jean-Christophe Gautier. « Nous avons conservé dans le logo les couleurs bleu et jaune pour rappeler nos origines bruxelloises. On y retrouve également une main qui soutient un caducée, symbolisant l’appui qu’apporte une centrale d’achats aux institutions de soins. »
Questions de sous
En 2024, le coût de fonctionnement est principalement supporté par les membres associés. « En augmentant le nombre de membres, nous allons accroître nos revenus. Cette croissance nous permettra de recruter de nouveaux professionnels hautement spécialisés. Nous pourrons ainsi rechercher des marchés encore plus avantageux pour nos clients. Le ratio entre le coût moyen supporté par nos adhérents et le gain obtenu est actuellement de 1 (coût) pour 9 (gain). Ce ratio est calculé sur 4 années de fonctionnement. Nous sommes donc encore loin du potentiel que nous pouvons atteindre », conclut Jean-Christophe Gautier.
HeCaPP en quelques chiffres
- Clients-partenaires : 6 hôpitaux (15 sites, 3 400 lits), 1 laboratoire universitaire et 13 CPAS
- 8 acheteurs spécialisés
- 50 marchés attribués en 2023
- Montant global des marchés attribués en 2023 : +/- 425 millions d’euros