Le KCE a été invité par le SPF Santé publique à lorgner hors frontières vers ce que certains entreprennent pour améliorer la littératie en santé (LES) de leur population. L’idée est d’en tirer les leçons pour un (éventuel…) plan d’action belge. Parmi les modèles étudiés, l’Ecosse, qui s’est focalisée sur les professionnels de santé.
La littératie en santé (LES), c’est donc la capacité à comprendre les informations relatives à la santé, pour pouvoir gérer la sienne et prendre des décisions adéquates. Chez nous, le niveau de littéracie en santé est problématique chez 30 à 45% des gens - un taux un peu meilleur que la moyenne européenne mais interpellant.
Le KCE a donc décortiqué 4 plans d’action impulsés par les autorités (Australie, Autriche, Portugal, Écosse) ainsi que le cas des Pays-Bas et de l’Irlande, où la dynamique est portée par le secteur associatif. Les plans ont une « portée symbolique indéniable », dit-il, quitte à énoncer de grands principes qui ne risquent pas de soulever d’opposition mais peinent à prendre corps - parfois faute de moyens dédiés. Mais le KCE estime aussi que « certains pays se débrouillent très bien sans ». Au point qu’il se demande s’il nous faudrait un plan très (trop ?) conceptuel, terre-à-terre ou… pas de plan (mais un recensement, un soutien et une coordination des divers acteurs associatifs déjà actifs en la matière).
A lire son rapport, le gouvernement et le NHS Scotland ont réussi à dépasser les déclarations d’intention, avec un plan « qui semble efficace ». Son lancement a coïncidé, il est vrai, avec une réforme plus vaste du système de santé, déplaçant le curseur vers « la prévention, l'autogestion, la planification anticipée des soins et les soins axés sur la personne ».
L'objectif général du plan écossais est « définitivement méso », poursuit le KCE, « [c’est] atteindre une culture et une pratique de soins qui favorisent la collaboration avec le patient et l’autogestion des problèmes ». Ainsi le plan s’est-il concentré quasi exclusivement sur les soignants, les encourageant à se remettre en question et à s'adapter à la LES de leur patientèle, e.a. en développant leurs capacités à communiquer et à interagir, ou en les sensibilisant aux « transitions critiques » (sortie d'hôpital, changements de médicaments…), retrace le KCE.
Une approche pragmatique, selon lui, qui « manque peut-être d'intersectorialité » mais où on ne disperse pas les énergies. On pourrait la résumer par : autant commencer par ce qui est à notre portée. Puis, de ce début modeste, l’Ecosse a peu à peu élargi le rayon à d'autres domaines (éducation, emploi, sport, services publics, etc.) via un plan d’action 2, recollant au principe OMS de « health in all policies ».
Le KCE observe encore qu’outre les interactions perfectibles des professionnels de la santé, la complexité du système de santé lui-même n’aide en rien ses usagers. Il faudrait tendre vers des institutions davantage « health literacy friendly » dans leur organisation même. On pourrait aussi imaginer d’intégrer la littératie dans les normes de qualité , les mécanismes de financement ou encore l’accréditation des professionnels de santé. Cela suppose des actions au niveau des professionnels de la santé, "dont on attend qu’ils prennent conscience du rôle primordial qu’ils ont à tenir et qu’ils développent leurs capacités à communiquer" précise le KCE dans son communiqué.
Enfin, il rappelle qu’une bonne part des approches de la littératie en santé portent sur la prévention et la promotion de la santé, soit des matières défédéralisées. Un plan fédéral pro-littératie en santé ne peut s’envisager sans rallier les entités fédérées. Il faudrait donc commencer par mettre le sujet à l’agenda de la conférence interministérielle santé publique…
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