Curare, Propofol, sédatifs... « Le ministre De Backer et l’AFPMS n’apportent pas de solution rassurante pour combler la pénurie de médicaments » s'inquiète Philippe Devos. Pire, l’AFMPS valide l’utilisation de produits vétérinaire qui n’ont jamais été testés sur des humains!

Depuis quelques jours, l’Agence fédérale des médicaments (AFMPS) le reconnaît, les pénuries de médicaments frappent le pays suite à la pandémie de Coronavirus. Aujourd’hui, la situation est sous tension selon le chef des soins intensifs au CHC de Liège et président de l’Association belge des syndicats médicaux (Absym) : « Nous gardons un oeil permanent jour après jour sur nos stocks. Lorsque j’entends le ministre De Backer dire qu’il n’y a pas de risque de pénurie de médicaments, je suis inquiet. Au quotidien, on voit les stocks diminuer et j’en parle souvent avec d’autres intensivistes : curare, Propofol, sédatifs. »

Pas de chiffres officiels de pénurie : un scandale

Pour Philippe Devos, la situation est d’autant plus grave qu’aucun chiffre n’est avancé par le ministre : « Dans ses communiqués, il reconnaît que les curares et les sédatifs sont sous tension mais il ne donne pas de chiffres.  Quels sont les vrais manques pour l’ensemble du pays ? Il ne le dit pas. »

Pas testé sur l’humain

Pour le président de l’Absym, il est très perturbant de voir que face au risque de pénurie de Propofol, l’AFMPS valide l’utilisation du Proposure, utilisé en médecine vétérinaire : « qui serait composé des mêmes produits mais sans tests faits sur les humains. Et ils annoncent être prêts si la pénurie s’aggravait à  permettre l’utilisation d’un autre médicament vétérinaire, le Propovet, dont ils disent qu’il est moins apte à une substitution. Comment voulez-vous que nous soyons rassurés dans de telles conditions ? »

Cette situation est déjà d’actualité en France. Dans les hôpitaux français, les soignants sont autorisés à utiliser des médicaments , surtout en réanimation et en soins intensifs,  destinés normalement aux animaux depuis un décret publié au Journal Officiel 

Vers un tri des patients par manque de médicaments ?

Philippe Devos craint que le manque de médicaments « amène un tri dans les lits de réanimation selon les stocks de médicaments. » Pour lui, un autre problème existe : « Que va-t-il se passer lorsqu’on va commencer le déconfinement si nous n’avons pas des stocks de médicaments en bon état. A ce moment, on risque d’avoir une augmentation de 10% des patients dans les hôpitaux et nous devrons les soigner en pleine pénurie de médicaments ? Ce sera ingérable . »

Produire des médicaments en Belgique :

Pour lui la solution pourrait passer par la production de médicaments en Belgique comme le Midazolam : « Il n’est évidemment pas question de produire du Propofol en Belgique nous n’avons pas les composants à ma connaissance, mais nous pourrions produire du Midazolam. Je ne suis pas pharmacien, mais le brevet est tombé et nous avons peut-être les moyens en Belgique de le faire. Les entreprises doivent se mobilier. »

Le manque de curare

Par ailleurs, Guy Stichelbaut, pharmacien-chef du Chirec confirme le problème à notre WebTV MedFlix : « On ne craint plus la pénurie du médicament. On est dedans. Chaque jour on doit évaluer nos stocks. On dispose d’un stock de quelques jours de médicaments vitaux. Au fédéral, on nous dit que via des commandes à l’étranger, on pourrait tenir jusque mi-mai. Le principal problème se situe notamment au niveau des curares utilisés pour les patients sous respirateur. On travaille maintenant avec des molécules plus anciennes mais aussi efficaces. On a aussi des problèmes avec les hypnosédatifs. On espère évidemment que les pays qui sortent de la crise vont pouvoir produire des médicaments comme le Pakistan,  l’Inde ou la Chine. » On reçoit actuellement du curare ukrainien....la situation est très urgente !  

> Retrouvez demain/mardi l'interview vidéo du Dr Ph.Devos dans la troisième édition de MedFlix