85% des déchets liés aux soins de santé sont assimilables à des ordures ménagères et ne sont pas dangereux. Les 15% restants peuvent être infectieux, chimiques ou radioactifs. Les statistiques proviennent de l’OMS, qui rappelle de veiller à une gestion sûre et rationnelle de ces déchets, dans l’intérêt de tous – et de la planète.
Lorsque l’OMS publie l’un de ses «repères» chiffrés, pas mal de constats nous semblent détachés de la pratique médicale belge car centrés sur des pays en développement. C’est toutefois l’occasion pour l’organisation onusienne de taper sur certains clous, avec des rappels valables sous toutes les latitudes comme, dans le cas de cet état des lieux sur la problématique de la gestion des déchets sanitaires, la nécessité de se prémunir contre les rejets dans l’environnement de micro-organismes pharmaco-résistants présents dans les établissements de soins.
L’OMS énumère les différents types de sous-produits issus de l’activité médicale, des déchets infectieux aux substances cytotoxiques en passant par les objets tranchants ou pointus. A propos, on estime que chaque année, 16 milliards d’injections sont effectuées dans le monde, «sans que toutes les aiguilles et les seringues usagées ne soient correctement éliminées». Mais il y a pire qu’une mauvaise élimination du matériel d’injection: sa réutilisation délibérée. Les efforts déployés pour éviter ce travers ont fait baisser le nombre d’injections avec un équipement contaminé. «Malgré ces progrès, en 2010, les injections pratiquées dans de mauvaises conditions de sécurité ont encore entraîné 33.800 nouvelles infections à VIH, 1,7 million de cas d’hépatite B et 315.000 cas d’hépatite C. Une personne blessée par une aiguille déjà utilisée sur un patient infecté a 30%, 1,8% et 0,3%, respectivement, de risques d’être infectée par le virus de l’hépatite B, le virus de l’hépatite C et le VIH.»
Pour en revenir aux déchets dont l’élimination requiert de l’attention, les hôpitaux figurent comme on s’en doute parmi les «gros producteurs». «La quantité moyenne de déchets dangereux par lit d’hospitalisation et par jour est de 0,5kg dans les pays à revenu élevé et de 0,2kg dans les pays à revenu faible», quantifie l’OMS. Mais dans cette seconde catégorie de pays, en fait, les déchets dangereux et non dangereux sont rarement séparés, ce qui rend hasardeuse la comparaison.
L’incinération – à ciel ouvert par endroits – des déchets médicaux n’est pas sans danger, rappelle enfin l’OMS: leur combustion peut entraîner l’émission de dioxines et des furanes si les matériaux contiennent du chlore, et de particules de métaux toxiques s’ils renferment plomb, mercure ou cadmium. Il faudrait disposer d’incinérateurs modernes atteignant une température comprise entre 850°C et 1100°C et équipés d’un dispositif d’épuration des gaz d’échappement. L’OMS prône, «lorsque c’est faisable», de préférer à l’incinération des déchets dangereux «un traitement sûr et rationnel pour l’environnement (par exemple à l’autoclave, par les micro-ondes, à la vapeur intégrée à un mélange interne ou le traitement chimique)».