La deuxième édition du Baromètre du système hospitalier révèle les priorités majeures des directeurs généraux, médicaux et des soins pour le secteur hospitalier belge. 81 dirigeants ont participé à ce sondage réalisé par Antares Consulting et Le Spécialiste. Quatre experts du secteur – Wissam Bou Sleiman, Adrien Dufour, ainsi que d'autres intervenants – commentent les résultats dans un webinaire accrédité.
Ce baromètre, qui couvre la période 2025-2026, a deux ambitions. La première vise à établir un classement des dix enjeux prioritaires des directions hospitalières. La seconde cherche à connaître les attentes des répondants envers le nouveau gouvernement fédéral et le gouvernement régional (en fonction du lieu d’établissement de l’hôpital).
« Les résultats obtenus à partir de ces réponses fournissent des informations précieuses sur les défis spécifiques auxquels sont confrontés nos hôpitaux, mais aussi sur les priorités dont doit tenir compte le gouvernement pour la mise en place du système hospitalier de demain », explique Stéphane Le Grand, directeur d’Antares Consulting, société internationale spécialisée dans la consultance en santé.
Trois priorités
Quels sont les enjeux prioritaires pour les directeurs hospitaliers pour les années 2025-2026 ? On retrouve dans le top 3 des priorités (voir graphique) : le financement de l’activité et des investissements, la maîtrise des coûts ainsi que la gestion et le développement des professionnels de santé.
« Globalement, les résultats du baromètre restent assez similaires à ceux de 2023 », commente Stéphane Le Grand. « Le financement de l’activité et des investissements reste la priorité absolue pour les directeurs d’hôpitaux, dans un contexte budgétaire difficile. En outre, la maîtrise des coûts gagne en importance dans la priorisation des directeurs et est classée en deuxième position (contre la troisième place en 2023). Enfin, la gestion des professionnels reste un enjeu majeur, mais recule d’une place par rapport à 2023, se retrouvant en troisième position. »
Le fait marquant de cette nouvelle édition du baromètre réside dans la priorisation de l’expérience patient, qui se hisse à la quatrième place. Cette évolution s’inscrit dans un contexte d’exigence croissante des patients en matière de soins et de services.
Les quatre catégories suivantes (la transformation de la configuration de l’hôpital, la transformation digitale, la gouvernance et la sécurité/gestion des risques) ne sont pas identifiées comme prioritaires, et leur classement reste similaire à celui du précédent baromètre.
Dans la continuité du baromètre réalisé en 2023, le développement des réseaux hospitaliers locorégionaux et le développement durable restent les derniers enjeux identifiés par les directions.
« Les enjeux de durabilité sont généralement perçus comme des contraintes à long terme, ce qui explique la propension des directeurs d’hôpitaux à délaisser le sujet pour se concentrer sur des problématiques ayant un impact immédiat sur leur activité », commente Stéphane Le Grand. « À l’inverse, la question des réseaux hospitaliers locorégionaux reste d’actualité pour certains directeurs, mais elle n’est pas considérée comme une priorité pour les prochains gouvernements fédéraux et régionaux. Cela peut s’expliquer par le manque de réformes engagées lors de la précédente législature. »
Trop grande instabilité
Les 81 dirigeants hospitaliers ont également répondu à des questions ouvertes. Deux recommandations majeures se dégagent et semblent faire consensus.
« Tout d’abord, il est primordial pour la majorité des directeurs d’améliorer la gestion du financement des hôpitaux, que ce soit pour les investissements ou pour le financement de l’activité », soutient le directeur d’Antares Belgique. « De manière plus générale, les directeurs d’hôpitaux estiment subir une trop forte instabilité conjoncturelle, réglementaire et organisationnelle sur l’ensemble des défis propres au secteur hospitalier. »
Au niveau régional, une demande récurrente des directeurs d’hôpitaux concerne l’élaboration d’un plan de renouvellement des infrastructures hospitalières.
« Le dernier aspect préoccupant concerne le maillage territorial des soins », souligne le directeur d’Antares Consulting. « En lien avec les réseaux hospitaliers, environ un tiers des directeurs d’hôpitaux souhaitent obtenir des certitudes et dépasser le statu quo, que ce soit vers une plus forte mutualisation des hôpitaux ou, à l’inverse, vers l’abandon de ces mesures. Par exemple, certains directeurs prônent une centralisation des activités complexes dans des centres spécialisés pour améliorer l’efficacité et la qualité des soins. Cependant, la majorité des directeurs insistent sur l’importance de conserver un maillage dense d’hôpitaux de proximité afin de garantir un accès rapide aux soins, particulièrement dans les zones rurales. »
Débat accrédité
Nous avons réuni le Pr Paul Herijgers (CEO de l’UZ Leuven), Adrien Dufour (directeur général de la Clinique Saint-Luc de Bouge), le Dr Wissam Bou Sleiman (directeur général médical du CHU Brugmann), le Dr Goedele Beckers (directrice médicale de l’AZ Turnhout) et Stéphane Le Grand (directeur d’Antares Consulting) dans notre studio pour débattre des résultats de notre grand baromètre. Découvrez les commentaires de ces experts en regardant ce webinaire accrédité (un point).