Ce lundi matin, le comité de l’assurance a adoubé une proposition de budget 2022, à l’unanimité des OA et à la majorité des prestataires. Par contre, les 4 représentants de l’ABSyM se sont abstenus. Certes, il y a dans le document de bonnes intentions, mais aussi des approximations, des chiffres corrects qui font défaut, et zéro perspectives financières engageantes pour les médecins, résume Luc Herry.
Tout n’est pas à jeter, loin de là, dans la copie proposée ce matin, admet le président de l’ABSyM, mais il y a des choses dont se défier, qui ne vont pas dans l’intérêt des médecins. Dans les objectifs définis (*), on ne manque pas de répéter qu’il faut réduire la facture du patient, illustre-t-il. « Une façon de faire est de jouer sur le TM, sur le maximum à facturer mais aussi sur les suppléments. Nous ne sommes pas contre le fait de maîtriser les suppléments, mais n’oublions pas que ceux-ci découlent d’un sous-financement chronique des hôpitaux, qui devrait être corrigé. Seulement, il n’y a pas de budget à cette fin. »
Luc Herry reproche aussi à la proposition un certain flou. « Tous les chapitres n’y sont pas inscrits avec des chiffres, ou des chiffres corrects, par exemple. » Une volonté déclarée est de mettre l’accent sur le dossier informatisé du patient, y compris chez les médecins spécialistes, consultable si nécessaire par d’autres soignants - dans le respect du secret et du RGPB. « On nous avait initialement annoncé 50 millions pour ce développement, puisés d’une enveloppe autre que celle des honoraires médicaux. Surprise, ils ont disparu des versions suivantes ! De toute façon, 50 millions pour le bon 40.000 médecins que nous sommes, pour s’équiper, se former, assumer le travail de tenir et actualiser les dossiers, qu’ils soient consultables par des autres prestataires… ce n’était pas un montant généreux. » Il y a des approximations dans la proposition, ajoute encore le syndicaliste, comme une confusion entre les niveaux de pouvoir dont relève la prévention individuelle versus la prévention de masse.
Le président de l’ABSyM continue de miser beaucoup sur la révision de la nomenclature. « On voit qu’elle avance mais différemment selon les commissions, ce qui est inquiétant. Nous continuons à revendiquer la distinction entre l’honoraire technique et l’honoraire dit ‘intellectuel médical’, pour aboutir à la fin des rétrocessions des médecins - en ou tout cas à leur balisage par des règles claires, car elles peuvent varier de 20 à 80% selon l’établissement. La révision est toujours inscrite dans le texte, mais va-t-elle se concrétiser de la façon optimale ? », s’interroge-t-il.
Enfin, globalement, « ce qui nous inquiète c’est le décalage dans la rémunération qui se creuse entre les médecins et les travailleurs d’autres secteurs, avec les économies qui nous sont imposées depuis des années sur les honoraires. Les médecins engagent du personnel salarié, surtout quand ils travaillent en collectif, dans des polycliniques par exemple. Ces salariés – ils doivent bien être 100.000 pour l’ensemble des confrères en pratique privée - sont indexés à un taux plus élevé que l’index médical. De plus, on n’en parle pas assez, mais leurs revenus augmentent avec l’ancienneté, parfois de 40% sur une carrière ! Un surcoût progressif à charge des médecins, dont les honoraires, eux, stagnent. Nous sommes des fournisseurs d’emploi à qui on ne donne pas la capacité de les pérenniser. »
(*) à partir de 2022 la trajectoire du budget soins de santé sera pluriannuelle et intégrera dans les choix de financement de l’assurance maladie des objectifs prioritaires
> Voir la note de l'ABSyM
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