Clinique Saint-luc Bouge : Adrien Dufour succède à Paul d'Otreppe comme Directeur Général

Le nouveau directeur général de la clinique Saint-Luc Bouge, Adrien Dufour, est infirmier. Il nous parle des enjeux pour son institution : les soins, la proximité, la fusion, l’excellence médicale...et de l'avantage d'avoir un infirmier comme directeur général

L’année 2023 s’annonce riche en évolution pour le secteur hospitalier à Namur. Adrien Dufour est le nouveau directeur général de la clinique Saint-Luc de Bouge. Ancien chef du département infirmier, paramédical et services associés et président de l’Union générale des infirmièr(e)s de Belgique et de la Fédération nationale des infirmièr(e)s de Belgique, il a directement pris ses fonctions dans un contexte très particulier de crise énergétique. 

Comment gérez-vous l’inflation ?

« C’est un véritable défi. Nous avons une augmentation des coûts e.a. liés à la crise énergétique, à l’indexation mais aussi au niveau du plan infrastructure Aviq. Pour ce dernier, aujourd’hui, avec la même enveloppe, nous ne pouvons plus faire les mêmes bâtiments. Il y a 60% de hausse des coûts. Nous repensons actuellement complètement le projet pour l’adapter au mieux.  »

Votre équipe médicale récupère de la crise covid ?

« Aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir des médecins impliqués et qui souhaitent développer l’hôpital. Le conseil médical vient également de se renouveler. Les défis sont nombreux à tous les  niveaux : orthopédie, cardiologie, pneumologie, neurologie, santé mentale, biologie médicale...Ce sera notre défi à 5-10 ans de garder cet esprit de développement pour dynamiser l’hôpital. »

Vous vous impliquez fortement sur le terrain ?

« Pour moi, il est essentiel d’aller le plus souvent possible dans chaque service voir comment les collaborateurs travaillent au quotidien et écouter leur besoin. Nous souhaitons, avec le comité de direction, prendre de décision en évaluant leur impact sur le terrain. »

Un infirmier à la tête d’un hôpital est-ce un atout ?

« Quand l’hôpital doit intégrer dans sa réflexion l’évolution des trajets de soins dans le cadre d’un réseau, je pense que c’est un plus. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que c’est un travail d’équipe et il est important d’avoir des collaborateurs en interne sur lesquels on peut s’appuyer. A Namur, nous avons la chance d’avoir le réseau hospitalier namurois qui a beaucoup de sens en terme géographique et de création potentielle de plus-value pour le patient. Cependant, l’incitant politique est encore trop timide... » 

Comment vous êtes vous remis de la cyberattaque ?

« Nous avons augmenté fortement notre sécurité à tous les niveaux. Toutefois, au vu de la complexité d’une telle gestion, on peut s’interroger sur la manière de mieux protéger les hôpitaux de ces attaques. Il faudrait une meilleure protection d’ensemble de tous les hôpitaux avec une volonté fédérale de déployer un projet plus global. »

Où en est la fusion avec le CHU UCL Namur ?

«Les négociations avancent et le premier semestre 2023 sera décisif. C’est un projet qui mobilise tous les acteurs de l’hôpital mais il est prématuré d’en dire plus à ce stade. »

 Rencontrez-vous des difficultés concernant le marché de l’emploi ?

« Evidemment, nous devons dans les deux cas faire face à la crise du marché de l’emploi. Nous avons la chance d’avoir un projet à taille humaine et de proximité à Bouge qui attire des professionnels à tous les niveaux. Parmi les éléments qui font notre attractivité, il y a sans doute notre accompagnement des étudiants en formation avec une réelle volonté de transmission du savoir. »

Vous êtes attentifs aux conditions de travail des MACS ?

« Nous voulons  accompagner les médecins en formation pour qu’ils  choisissent de rester dans notre hôpital et de s’ y investir. C’est une philosophie importante. Nous le voyons avec de jeunes médecins qui reviennent chez nous. »

Quelle est votre plus grande crainte ?

«  L’augmentation du coût de la vie, aujourd’hui, fait que les soins de santé pour la population passe en deuxième ou en troisième rang. Comme directeur d’un hôpital, je veux pouvoir expliquer au patient que s’il ne se prend pas en charge tout de suite (prothèse de hanche, mal de tête, problème cardiaque,...), il va arriver chez nous dans quelques mois dans un état de santé plus dégradé et que cela lui coûtera plus cher. A ce niveau, le fédéral doit aussi jouer son rôle en évitant des mesures qui mettent en difficulté les personnes les plus défavorisées ou en moins bonne santé. Je crains vraiment que l’on entre dans une ère de sous consommation de soins comme au début de la pandémie covid. Dans quelques mois, nous risquons à  nouveau de voir que l’on est passé à côté d’un grand nombre de cancer et d’autres maladies.  A cela, il faut ajouter une dégradation de la santé mentale qui est de plus en plus préoccupante. La pression sur le système de santé va devenir de plus en plus forte. »

Vous avez beaucoup travaillé avec Paul d’Otreppe, l’ancien directeur ?

« En effet, nous avons travaillé ensemble pendant plus de 13 années et notre collaboration était bonne. 
Nous avons souvent eu des conversations très intéressantes. Il a une intelligence macroéconomique très forte et était très impliqué dans les dossiers extérieurs à l’hôpital aussi.»

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