Des hôpitaux auraient vendu des données confidentielles de leurs patients à une multinationale de traitement de l'information médicale, rapportent aujourd’hui Le Soir et De Standaard. L'ABSyM, les Mutualités Chrétiennes, De Block et De Backer réagissent.
Au moins une quinzaine d'hôpitaux sur la centaine que compte la Belgique ont vendu ces informations à la firme Quintiles IMS. Celle-ci paye 22 euros par lit et par an pour savoir quels traitements et médicaments sont administrés. Les informations concernées sont vastes, du détail du traitement suivi par chaque patient, aux données de facturation de l'hôpital aux mutuelles et à l'Inami ainsi que les résumés hospitaliers semestriels.
Le patron des Mutualités Chrétiennes, Jean Hermesse, dénonce une «marchandisation» en marche des soins de santé.
L'ABSyM envisage sérieusement de déposer plainte non seulement auprès de la Commission de la Vie privée, mais aussi au pénal, selon le docteur Jacques de Toeuf, vice-président. "Nous conseillons à tous les médecins présents au conseil médical de leur hôpital de voter contre le fait de signer un tel accord", réagit-il.
Quand aux ministres De Block et De Backer ils déclarent "Les données de patients sont des informations sensibles et elles doivent être protégées aussi strictement que possible. La vie privée des patients doit être garantie à tout moment"
En juillet dernier, M. De Backer avait d'ailleurs posé une question à la commission de protection de la vie privée sur la manière dont les mutualités mettent des données anonymes à disposition d'organisations tierces, telles que des universités, des centres de recherche ou encore des acteurs privés. (NDLR : Rappelons que ce même De Backer avait déjà en Juin 2016, avant de se détracter, proposer de commercialiser des données médicales )
Les mutualités sont soumises à des conditions très strictes et celles-ci valent bien entendu pour les autres organisations, ont souligné les membres du gouvernement fédéral. Les données doivent notamment être anonymes et codées. Elles ne peuvent en aucun cas être reliées à un patient. Par ailleurs, les patients doivent systématiquement être informés de l'usage et de la destination des données récoltées les concernant.
"Il est clair que les hôpitaux sont dans toutes les circonstances, à l'instar des mutualités, responsables de la gestion et du partage de leurs données", ont souligné M. De Backer et Mme De Block.
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Derniers commentaires
Jean CREPLET
26 décembre 2017Effectivement, Charles, ce bandeau est intéressant. Il y des années que Jean Hermesse et d'autres nous chantent le couplet du vilain marchand et du gentil non marchand, comme si cela suffisait pour ne pas se faire avoir par les cupides et les tricheurs. Comment apprendre de nos erreurs sans données? Comment récolter des données, les analyser, en faire des synthèses et les diffuser sans moyens financiers pour le faire? Marchand et non-marchand ne sont que des mots, tout le monde doit valoriser ses activités... Il faut se donner des règles simples, compréhensibles pour toutes les parties, garantissant l'anonymat et aussi, éviter les monopoles de détention des données... Il y a du boulot, mais c'est passionnant! La diabolisation du commerce remonte à la nuit des temps, c'est du passé!
Charles KARIGER
10 octobre 2017Rigolo: personne ne parle des mutualités (Euromut, Partena) qui sont également "clientes-fournisseures" de la société FORCEA.
Il est amusant d'examiner le bandeau qui défile au bas de la page d'accueil du site de cette société.
Voir:
http://forcea.be/fr