Un médecin assistant candidat spécialiste, dénonce un arrêté ministériel qui interdit dorénavant « tout assistant en spécialisation de compétence (néphrologie, hématologie, endocrinologie, soins intensifs,...) de partir se former à l'étranger. »
Un pays ubuesque. En soins de santé, cette affirmation n’est pas une surprise. Ce médecin assistant candidat spécialiste, qui a écrit à la rédaction du Spécialiste mais qui tient à garder l’anonymat de peur de représailles, vient de faire une découverte peu banale : « Un arrêté ministériel de M. De Block datant de 2016, interdit dorénavant tout assistant en spécialisation de compétence (néphrologie, hématologie, endocrinologie, soins intensifs,...) de partir se former à l'étranger. Depuis cette année, la fédération Wallonie Bruxelles semble découvrir cet arrêté et nous empêche dès lors de partir. »
Il ne cache pas son incompréhension : « Nous sommes un groupe de médecins en spécialisation de néphrologie principalement et avons été abasourdis. Cette décision est complètement absurde à de nombreux niveaux. Ma problématique est la suivante : je suis actuellement en spécialisation de néphrologie (5ème année) et de soins intensifs avec un départ prévu à Paris en novembre 2020 afin de me former dans une unité de réanimation néphrologique (entité assez unique en Europe, n'existant absolument pas en Belgique). Mon plan de stage avait été discuté longuement avec mes maitres, et le chef de service de à Paris. »
Refus d’attestation
A ce moment tout se complique : « Pour ce départ, l’hôpital de Paris me demandait une attestation de validation de ce stage dans mon cursus de spécialisation, hors en téléphonant au responsable "réglementation" des agréments de spécialistes, il m'a répondu que c'était "illégal". Cette réponse fut extrêmement surprenante sachant que de nombreux médecins assistants candidats spécialistes (MACCS) ont pu partir sans aucun problème pour leur agrément et principalement la néphrologie de St Luc envoie de manière annuelle 1 à 2 MACCS à l'étranger et ce depuis quasi 15 ans. »
Le niveau 3 pose problème
Il creuse et il trouve la nature du problème : « En me renseignant de manière plus approfondie, il existe effectivement une réglementation n'autorisant pas les spécialisations de niveau 3 (néphrologie, soins intensifs, hématologie, endocrinologie, .... pour ne citer qu'elles) à partir à l'étranger durant leurs années de "compétence" soit en pratique les 2 dernières années de formation. Cette décision me semble également étonnante parce qu’un départ à l'étranger est autorisé dans d'autres spécialisations de "niveau 2" telles que la cardiologie, la pneumologie,... hors ces spécialisations demandent autant d'investissement et de connaissances que celles de "niveau 3". Il y a donc une inégalité entre les différentes spécialisations. »
Par ailleurs, selon lui, « cette décision ne semble pas avoir été prise avec les acteurs de terrains car mes deux maitres de stage coordinateurs n'étaient pas au courant et trouvent cet article hors de propos. On empêche toute une catégorie de MACCS de créer des relations avec de multiples hôpitaux étrangers de hauts niveaux et donc à fortiori, on empêche des relations qui pourraient être bénéfiques pour les soins de santés belges. »
Que pense le CIMACS ?
Du côté du CIMACS, le Dr Giovanni Briganti, le nouveau Président, est tout aussi surpris : « Le CiMACS va évidemment investiguer cette question. Je ne comprends pas non plus que les Facultés de médecine ne soient pas au courant. Cette discrimination est absurde. Il est essentiel d’aller à l’étranger pour l’apprentissage. Cette situation est inacceptable. »
Les autorités de la Fédération Wallonie-Bruxelles vont être interpellées à ce sujet et vont devoir trouver des solutions concrètes.
Lire aussi : Stage à l’étranger interdit pour des candidats spécialistes : la ministre Glatigny dit avoir résolu le problème
Derniers commentaires
Charles KARIGER
16 décembre 2019"Hors" et "or" ne sont pas interchangeables. Peut-être le séjour parisien serait-il également bienvenu sur le plan linguistique
René SPITAELS
06 décembre 2019Au Royaume d'Ubu on ne s'étonne plus de rien ! Prévoir un recours en urgence auprès de la justice belge (cfr le jugement opposant un spécialiste de 65 ans vs CHU de Liège) sinon la Cour Européenne de Justice.
Jacques MAIRESSE
06 décembre 2019une connerie de plus de notre ministre de la santé, la plus incapable que nous ayons eu...