Fonctionner efficacement au sein d’une unité infirmière

 

Une formation de master en sciences infirmières et accouchements ne peut être construite sur des bases solides que s’il existe également dans ces disciplines une activité de recherche innovante qui leur permette de rester en phase avec les tendances du moment. Peter Van Bogaert, coordinateur du Centre for Research and Innovation of Care de l’université d’Anvers, illustre cette position à l’aide d’un exemple concret.

 

 

«Nous avons développé sur la base des données de la littérature un outil pour nous permettre d’assurer aux patients hospitalisés une surveillance structurée», explique-t-il. «L’infirmier mesure au moins une fois toutes les douze heures une série de paramètres tels que la tension ou la température, sur la base desquels il établit un score qui prédira l’évolution du patient au cours des heures suivantes: va-t-il vraisemblablement rester stable ou est-il nécessaire d’adapter son plan de traitement? Un essai randomisé et contrôlé est actuellement en cours pour tester cet outil dans une dizaine d’hôpitaux un peu partout en Belgique.»

 

 

La méthode SBAR

 

Dans le cadre de ces mêmes recherches, les infirmiers apprennent aussi à communiquer avec le médecin suivant la méthode SBAR, développée aux États-Unis afin d’optimiser les échanges entre les membres d’équipage des sous-marins. SBAR est un acronyme dont chaque lettre désigne une étape dans le décours de la communication. Le médecin sera tout d’abord informé de la Situation du patient (sexe, âge, problématique aiguë). La seconde phase, celle du Background (contexte), replace la problématique dans un cadre plus large. Celle de l’Assessment (évaluation) vise à communiquer quels examens ont été réalisés dans le cadre de la problématique aiguë et quels ont été leurs résultats. Enfin, l’infirmier formule une Recommandation: faudrait-il procéder à une transfusion, administrer un antalgique, etc.?

 

«Cette méthode permet aux infirmiers de transmettre des informations d’une manière claire et professionnelle», explique Peter Van Bogaert. «À l’heure actuelle, on observe dans les hôpitaux aigus que les médecins répondent souvent aux demandes de l’unité infirmière en fonction de facteurs personnels, individuels. Lorsqu’un infirmier leur signale qu’un patient ne va pas bien alors qu’ils ont déjà fort à faire avec leurs consultations ou leur travail au bloc opératoire, ils seront beaucoup plus enclins à réagir s’ils s’entendent bien avec l’intéressé et qu’ils savent qu’il est peu probable qu’il les alerte à mauvais escient. S’ils ne connaissent pas (bien) cet infirmier spécifique ou qu’ils pensent qu’il a tendance à tirer la sonnette d’alarme à tort et à travers, il est beaucoup moins probable qu’ils viennent rapidement jeter un coup d’œil…»

 

«Une thèse de doctorat réalisée au sein de notre département a démontré que la méthode SBAR avait un impact favorable sur la mortalité des patients hospitalisés dans une unité infirmière, mais aussi sur une série d’autres paramètres comme les transferts urgents aux soins intensifs. Reste à voir si ces observations pourront être confirmées par notre essai randomisé et contrôlé.» L’étude porte sur dix hôpitaux, quatre flamands, quatre wallons et quatre bruxellois; elle est financée par le SPF Santé publique.

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