Face au mouvement de grève des médecins assistants en radiologie du HUB, le Pr Jean-Michel Hougardy, directeur général médical, réagit en remettant la situation dans son contexte. Entre manque de radiologues spécialisés et complexité des stages multisites, il appelle au dialogue et à la coconstruction de solutions sur le terrain.
Les tensions révélées par les médecins assistants en formation du service de radiologie ne laissent pas indifférent le Pr Jean-Michel Hougardy, directeur général médical de l’H.U.B.
Avant tout, il tient à remettre cette problématique dans son contexte : « Elle concerne tous les hôpitaux qui s’inscrivent dans les groupements et cette dimension "multisites". Il s’agit d’une tendance forte à l’heure des réseaux locorégionaux et de la refonte du paysage hospitalier, voulue par les autorités fédérales. »
Cette réalité met, selon lui, « en exergue un secteur très particulier dans des domaines de surspécialisation de la radiologie. La même problématique est rencontrée, par exemple, en pédiatrie. Il s’agit de surspécialisations qui n’ont jamais été reconnues, ni encouragées. Ces profils sont d’une extrême rareté. Ils nécessitent de l’expertise. Ils sont donc inévitablement sous tension. »
S’adapter à la réalité du terrain
La situation à l’HUDERF s’est complexifiée ces derniers mois : « Nous avons dû faire face à un départ inopiné l’année passée, ce qui nous a obligés à nous réorganiser. Cela a pu amener de l’inconfort chez les médecins candidats spécialistes. Suivant les patients et les situations, nous avons interagi avec l’UZ Brussels ou avec l’hôpital Erasme dans le cadre d’une dynamique de mobilité de médecins au sein de l’H.U.B. »
La volonté de l’H.U.B était évidemment, pour la rentrée académique, de proposer une organisation qui pourrait répondre aux critères d’agrément et offrir un encadrement adéquat. « Nous avons fait une proposition par écrit à l’ensemble des médecins assistants en formation. Ils ne l'ont pas trouvée adéquate et nous ont informés d’un mouvement de grève... et ils ont refusé de signer leur contrat. Nous avons pris en compte ce signal et avons, le jour même, demandé à les rencontrer. Nous leur avons expliqué la nouvelle organisation en journée, la supervision des gardes... »
En ordre pour les stages multisites
Cette démarche ne les a pas convaincus. Le Pr Jean-Michel Hougardy prend acte, mais rappelle que « l’H.U.B travaille dans le cadre d’une maîtrise de stages multisites. Elle a été reconnue par le Conseil supérieur. Elle stipule que notre médecin-chef de service d’imagerie de l’hôpital Erasme est maître de stage sur l’hôpital Erasme et sur l’hôpital des Enfants (HUDERF). Son activité sur site a été attestée. »
Ses arguments n’ont pas été considérés comme valables par les médecins assistants en formation et les représentants de La Délégation. « Une réunion s’est tenue au Conseil supérieur dans le cadre de la prolongation de la maîtrise de stages multisites qui se terminait le 8 octobre, hasard du calendrier. Le point a été mis à l’ordre du jour. Nous avons communiqué ce que nous mettions en place. À ce jour, l’avis officiel du Conseil supérieur n’a pas encore été rendu. Mais la maîtrise de stage va être renouvelée à la condition suspensive de pouvoir y mener une visite d’inspection prochainement. Notre dimension multisites est donc bien reconnue. En attendant la visite d’inspection, nous ne détacherons aucun PG sur le site de l’hôpital des Enfants. »
Les médecins assistants en formation disent avoir été confrontés à des situations difficiles sur le terrain, notamment avec un radiologue senior soulignant qu’il n’était pas en capacité de donner un avis pédiatrique spécifique : « À tout moment, les PG peuvent rappeler un médecin senior. Évidemment, en imagerie, on ne peut pas être spécialiste de tout. Il y a toutefois des radiologues avec des compétences pédiatriques qui sont rappelables. Quand un hôpital s’hyperspécialise, tout le monde n’est pas de garde en même temps, mais on peut activer un réseau de connaissances dans un temps court pour la santé du patient. »
Un manque de reconnaissance des autorités
Dans ce débat, le Pr Jean-Michel Hougardy rappelle que « la radiologie pédiatrique est une spécialité qui n’est pas reconnue. Il n’y a pas de numéro Inami. Elle n’est donc pas encouragée de manière structurelle. C’est un vrai problème de développement de compétences au niveau national. Il faut que les autorités en aient conscience. »
Il serait peut-être bon, par ailleurs, de lancer un cadastre en Belgique des radiopédiatres.
Quelle solution ?
Sur le terrain, la situation va devoir évoluer : « Notre volonté est de poursuivre le dialogue et de coconstruire avec nos assistants une solution sur le terrain. Nous serons attentifs à toutes les recommandations d’amélioration. »
Priorité à la qualité de la formation
Au-delà de cette question importante, y a-t-il un problème à l’H.U.B avec les médecins assistants en formation ? « La qualité de la formation et de l’encadrement est une valeur centrale pour nous. On vient d’accueillir nos 355 PG. Constamment, on évalue la qualité des lieux de stage. Nous mettons aussi en place une politique de retour et d’amélioration pour tenir compte des besoins en termes de formation et de l’évolution de la formation : on intègre par exemple la simulation dans l’enseignement, on forme nos formateurs aux nouvelles techniques... Nous sommes dans un espace de formation continue. »
Le Pr Jean-Michel Hougardy ajoute que même l’encadrement a évolué : « Nous nous sommes dotés aussi d’un directeur académique de l’enseignement et d’un coordinateur administratif à l’enseignement en lien avec le pôle santé et la dynamique facultaire. Évidemment, il y a toujours des mécontents, mais nous avons toujours été bienveillants. Cela fait partie de nos missions académiques.»
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