Le Conseil Fédéral des Etablissements Hospitaliers (CFEH) a rédigé une note conceptuelle précise, fouillée, assortie de recommandations à l’usage des autorités de tutelle. Les modifications proposées sont architecturales, organisationnelles et financières.
La réforme de l’hospitalisation de jour sera réussie si les acteurs principaux travaillent de concert, médecins, gestionnaires et mutualités, avec le support des administrations INAMI et Santé publique.
Je pense que la mise en œuvre imposera une réflexion sur l’architecture raisonnée et articulée des différents lieux de soins, matérialisant un itinéraire clinique spécifique à chaque pathologie. Cela vaut pour les interventions chirurgicales et médicales. En dehors d’infrastructures classiques, on peut concevoir des implantations dévolues uniquement aux prises en charge de jour, comme par exemple une focus factory orthopédie sise entièrement dans un bâtiment spécifique. Ailleurs, les lits seront répartis dans différents services du même hôpital, de même que des salles d’intervention et de récupération.
Pour les interventions chirurgicales, une utilisation rationnelle des salles d’opération et de réveil suggère de ne pas investir d’importants moyens financiers dans des infrastructures séparées, la planification des interventions en séjour classique ou de jour se faisant plus aisément dans des salles réunies en un même lieu physique. Exception faite pour des interventions qui sont quasi exclusivement faites en hospitalisation de jour, comme en ophtalmologie par exemple, où la spécificité des interventions justifie des salles dédiées qui peuvent se trouver aussi bien au grand quartier opératoire qu’ailleurs dans l’institution. Il en va de même pour les endoscopies.
Idéalement, il faut laisser aux différents réseaux hospitaliers un grand degré de liberté dans le choix des lieux et modes d’implantation, compte tenu du nombre de patients et d’une prise de décision conjointe entre gestionnaire et médecins représentés par leur Conseil médical. C’est une piste intéressante de reconversion d’unités classiques. Des institutions spécialisées dans certaines pathologies (par exemple en orthopédie) réalisent aujourd’hui 60% des prothèses d’épaule et 30% des prothèses de hanche en chirurgie de jour avec des résultats cliniques parmi les meilleurs.
Pour promouvoir l’hospitalisation de jour, je suggère qu’un nouveau modèle de financement soit conçu, totalement séparé du BMF actuel : besoins différents en personnel, en petit matériel, lits de « réveil » plus nombreux en raison d’un flux rapide de patients, administration des sorties, ouverture de 07h1er entrant à 21h dernier sortant donc 2 shifts de personnel, élaboration d’itinéraires cliniques, TIC, suppression de listes A et B ou leur adaptation annuelle impossible avec le système actuel qui impose un AR correctif (3 ans min de retard). La plus grande souplesse serait de concevoir un modèle ad hoc de convention INAMI basé sur les frais réels + marge bénéficiaire (pour investissements). En fait un prix par pathologie au lieu d’ un prix moyen par casemix : « money follows the patient ».
La réussite est question d’hommes et femmes motivés, professionnels engagés, parties prenantes conceptrices du projet. Sont directement concernés les praticiens hospitaliers et les médecins extra-muros, spécialistes et médecins traitants généralistes, qui doivent impérativement être inclus dans le dispositif dès sa conception : le généraliste est un élément constitutif de l’itinéraire clinique.