Médecins étrangers, formation des assistants, pénuries...Dans son rapport annuel, le GBS pointe du doigt les indispensables réformes qui doivent encore être menées par les futurs ministres
A la lecture du rapport annuel du GBS, on se rend compte que l’année 2018 est « comme une symphonie inachevée pour la ministre fédérale de la santé de Maggie ». La partition est écrite, amendée, réécrite mais pas publiée. “Reste l’ouverture, le financement hospitalier pour les soins à basse variabilité,” peut-on lire dans le rapport du GBS. “Ecrire une partition sans définir au préalable la clé est la prouesse du cabinet de la ministre De Block. Résultat : calculs difficiles, peu compréhensibles pour répartir les honoraires entre les prestataires et calculer les suppléments d’honoraires. L’absence de programmes informatiques pour établir la double facturation, la confusion totale et la volonté de redistribuer les honoraires entre les différents prestataires sont les notes qui composent cette ouverture chaotique. Les médecins ne jouent pas cette partition.”
Ce qui inquiète aussi beaucoup le GBS, c'est la disparition “des freins mis pour les médecins étrangers, à savoir la connaissance d’une des trois langues et la connaissance du système de santé belge ont disparu”.
La formation dans les mains des universitaires
Par ailleurs, le Dr Jean-Luc Demeere s’inquiète de la qualité de la formation et de l’avis du Conseil Supérieur des Médecins Spécialistes et des Médecins Généralistes. Le maître de stage coordinateur (MSC) universitaire est à la tête du réseau de formation pour chaque spécialité. On crée le titre de maître de stage responsable (MSR) du trajet de la formation, on y inclut les maîtres de stage non-universitaires. On nomme aussi un coach pour les assistants et enfin, un médiateur. L’assistant joue un rôle central puisque c’est lui qui évalue la formation, le lieu et le service de stage et enfin, « last but not least », le maître de stage. « Ce projet est très louable : cependant il y a une ombre au tableau. Actuellement, l’assistant choisit ses lieux de stage et établit son plan de stage. Ce plan de stage est approuvé par la commission d’agrément et n’est pas lié à un réseau de formation universitaire. »
Actuellement, on ne parle pas de réseaux fonctionnels de formation et encore moins de réseaux universitaires. En fin de formation, l’assistant demande son agrément. La commission d’agrément contrôle son dossier et sur cette base, elle soumet l’agrément au ministre. En Flandre, le MaNaMa est obligatoire sauf si l’on peut prouver qu’on a suivi une formation théorique équivalente. En communauté française, on exige le certificat de pratique autonome signé par le maître de stage coordinateur. « Si on assemble les différentes pièces du puzzle, force est de constater que la formation est entre les mains des réseaux de formation universitaires. »
Commissions superflues
En d’autres termes, les commissions d’agrément deviennent superflues car elles ne valident les plans de stage et accordent les agréments que si le maître de stage coordinateur autorise l’assistant à remettre son dossier. La formation académique est devenue réalité. « La parité entre le banc académique et le banc professionnel est purement et simplement ignorée. »
La formation est entre les mains des universitaires avec la complicité des maîtres de stage non-universitaires qui jouent un rôle de second plan dans ce réseau de formation. « La profession ne peut pas accepter d’être subordonnée à une formation académique. La richesse d’une formation réside dans l’équilibre entre la formation universitaire et la formation professionnelle concrète en milieu non-académique. » souligne le rapport.
Lutter contre les pénuries
Dans un autre domaine, en déterminant des maximums pour certaines disciplines, on espère que les spécialités en pénurie sévère attireront plus de candidats. « Cependant, il ne suffit pas d’imposer des quotas maximaux à 19 certaines disciplines. Il faut rendre les spécialités en pénurie plus attrayantes en améliorant entre autres la rémunération des médecins concernés, qui reste toutefois une matière fédérale. En outre, il importe de tenir les candidats informés à temps sur la situation de ces spécialités en pénurie. » Le travail ne manque donc pas pour les futurs ministres de la santé aux différents niveaux de pouvoir...
> Le rapport 2018 du GBS
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