Sous- et surconsommation médicales dictées par les intérêts financiers?

Eviter les actes inutiles pour mieux prendre en charge les soins indispensables sont l’alpha et l’omega d’une gestion efficace et d’une médecine de qualité. Ce double objectif explique le succès de l’Evidence Based Medicine auprès des autorités et des acteurs du monde de la santé. Une série de cinq articles, consacrée à la sous- et à la surconsommation médicales, publiée dans The Lancet, vient appuyer cette vision.

Sur base des résultats d’une série de cinq articles intitulée «The Right Care Series», un groupe de scientifiques britanniques invite les autorités et acteurs de la santé à prendre des mesures pour éviter la sur- et la sous-consommation médicales.

Les scientifiques ont étudié tant la surconsommation que la sous-consommation des soins de santé dans le monde. La surconsommation entraîne des complications qui auraient pu être évitées et gaspille les ressources. La sous-consommation rend les patients vulnérables à des maladies et des souffrances dont ils auraient pu se protéger. Ainsi, chaque année, 6,6 millions de césariennes inutiles sont effectuées, dont la moitié en Chine et au Brésil. En Espagne, 26% des prothèses de genou sont inappropriées et, aux Etats-Unis, ce pourcentage grimpe même à 34%. Autre exemple mis en avant dans l'étude: pas moins de 20% des ablations d'utérus ne sont pas justifiées à Taïwan, et 13% en Suisse.

Les auteurs, issus d'institutions telles que la Banque mondiale, Harvard, Stanford, Dartmouth et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). constatent que tant la surconsommation que la sous-consommation sont monnaie courante. Ces deux situations peuvent se produire dans le même pays et pour les mêmes patients. Dans des pays pauvres comme riches, on recourt trop souvent à des technologies bien connues mais qui n'en sont pas moins onéreuses et pas forcément efficaces, alors que des alternatives moins chères et plus efficaces sont négligées. «Les prestations médicales non efficaces ou non justifiées scientifiquement représentent un quart des soins de santé de par le monde», estiment-ils.

Or, lutter contre la surconsommation permettrait de dégager des moyens pour contrecarrer la sous-consommation. Quand des soins nécessaires ne sont pas prestés, c'est en effet souvent pour des raisons financières. La surconsommation, quant à elle, se produit généralement quand elle est source de revenus pour certains acteurs.«La cupidité, les intérêts concurrents et des informations déficientes sont des moteurs universels qui peuvent former un écosystème où de mauvais soins de santé sont délivrés», affirme dans un communiqué Vikas Saini, le président du Lown Institute et principal auteur de la série d'articles. 

Notons que si un comportement peu scrupuleux de certains acteurs de soins de santé n'est évidemment pas à exclure, les motifs généralement avancés pour expliquer la surconsommation médicale en Belgique sont de nature systémique: il s'agit de la mauvaise circulation de l'information entre les prestataires  et du sous-financement des établissements de soins.

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