Encore des projets pilotes, direz-vous… C’est un mode opératoire qui est cher, manifestement, à Maggie De Block. Cette fois, elle veut tester, dès 2017, des applications santé. Cet été, les prestataires pourront introduire un projet pilote dans cinq domaines: soins du diabète, de santé mentale, cardiovasculaires, AVC et douleur chronique. Les projets peuvent relever de diverses formules de la «m-santé», la santé mobile, le télémonitoring, la vidéoconsultation, les appareils portables ou l’autogestion.
Les applications de santé numériques, comme un moniteur de fréquence cardiaque couplé ou intégré à un smartphone, feront à l'avenir partie de nos soins de santé, prévient Maggie De Block. Elle y voit un win-win pour soignant et soigné. «Les patients peuvent suivre eux-mêmes leur santé en permanence mais également se faire suivre plus rapidement. Et la charge administrative pour les prestataires va diminuer car ils pourront échanger des informations numériques beaucoup plus facilement et rapidement.»
Mais il n’existe à l'heure actuelle aucune réglementation ni cadre juridique autour de ces systèmes, et il manque un modèle de financement pour les professionnels qui en usent. La réponse la plus appropriée à ces actuelles lacunes sera examinée à la lueur de projets pilotes pour lesquels la ministre déclare avoir dégagé 3,25 millions. La somme servira e.a. à honorer, par exemple, un cardiologue qui, à la place de mesurer la fréquence cardiaque lors d’une consultation, lit à distance les résultats du moniteur de son patient.
Comme Maggie De Block aspire à commencer les tests des applis «en décembre ou au plus tard début 2017», l'appel sera lancé fin juin, via un site en gestation. Cinq domaines ont été retenus: le diabète, la santé mentale, l’AVC, le cardiovasculaire et la douleur chronique. «L'accent peut de plus être mis sur différentes sous-catégories de m-santé, telles que l'autogestion, la surveillance à distance, l'utilisation d’appareils portatifs et de vidéo-consultations, etc.»
La ministre souligne que les apps candidates seront jugées à l’aune des garanties qu’elles présentent sur le plan de la confidentialité et de la sécurité des données. Il faudra aussi que les applications mobiles soient scientifiquement fondées et intégrées à d'autres services d'e-santé. «Par exemple, si une application enregistre la fréquence cardiaque et la tension artérielle d'un patient chronique, ces données doivent alors être rapidement échangées dans [son] dossier électronique.»
Ambitions déclarées
La m-santé fait partie du plan e-santé 2015-2018 actualisé sous Maggie De Block. Mais les apps santé s’inscrivent aussi dans le chantier ‘Digital Heath Valley’ qu’elle partage avec Alexander De Croo, ministre de l’Agenda numérique. Son but: créer les meilleures conditions pour stimuler les investissements dans les innovations digitales dans les soins, un peu comme on a créé un terreau fertile pour les biotech. Il a lui-même pour matrice la stratégie ‘Digital Belgium’ lancée par le gouvernement Michel pour hisser la Belgique dans le top 3 numérique européen. C’est certes une belle plume à accrocher à un chapeau politique… Mais attention à ne pas perdre en forçant l’allure le gros des acteurs de terrain. Ou à rêver à la m-santé quand les services de «simple» e-santé dont l’usage est ou va être imposé au secteur connaissent encore des ratés (lire à ce propos Medi-Sphere 519, «Prime informatique 2016: le groupe de travail déçoit déjà»).