181.000 euros: le plafond salarial pour les gestionnaires hospitaliers?

Tandis qu’aux Pays-Bas, une tentative d’augmenter le plafond salarial pour les gestionnaires hospitaliers a échoué, la ministre De Block rejette l’idée d’un tel plafond dans notre pays. Un contraste intéressant.

A la mi-décembre, un arrêt de principe est tombé chez nos voisins hollandais. L’affaire avait été portée devant la justice par le « raad van toezicht » (instance comparable au conseil d’administration chez nous) de l’hôpital Amphia à Breda. Celui-ci trouvait que le président de son CA, Olof Suttorp, pourrait gagner plus que le plafond légal, ladite « norme de Balkenende », du nom de l’ancien ministre-président des Pays-Bas. Selon la récente loi néerlandaise fixant les hauts revenus, les gestionnaires hospitaliers peuvent en effet gagner au maximum un salaire de ministre, à savoir 181.000 euros par an.

Ministre et tribunal en faveur d’un plafond salarial

Mais le CA trouvait donc que Suttorp pouvait aller au-delà de ce plafond. Pourquoi ? En raison de ses ‘travaux complexes’ et de sa ‘grande responsabilité’, d’autant plus qu’un grand projet de rénovation est en cours. De plus, les qualités personnelles du gestionnaire étaient fortement appréciées, dont le fait qu’il soit un diplomate expérimenté avec une vision stratégique.

Une demande antérieure de relever le salaire, adressée au ministère de la Santé publique, avait toutefois déjà essuyé un refus. D’où maintenant les démarches en justice. Toutefois, le tribunal a aussi rejeté la proposition. « On peut en effet attendre ces qualités de tout gestionnaire au niveau de Suttorp », a estimé le juge. Celui-ci n’a pas non plus tenu compte du fait qu’un projet de rénovation était en cours étant donné qu’il s’agit d’un élément temporaire.

Les dernières années, Suttorp gagnait encore bien plus que le plafond imposé légalement l’année dernière. En 2016, il gagnait en effet encore 309.080 euros. Ce montant avait encore été autorisé parce qu’il bénéficiait d’une phase de transition jusqu’au 1er janvier 2017. Cette année, c’est donc la première année que Suttorp doit satisfaire à la « norme ministérielle », ce qui signifie pour lui la perte d’un montant considérable.

Le plafond salarial ? La N-VA pour, De Block contre

Notre pays a visiblement une autre position par rapport à la question. Il y a environ deux ans, Yoleen Van Camp, parlementaire N-VA, avait introduit une proposition de loi avec d’autres membres de son parti (Jan Vercammen, Valerie Van Peel et Renate Hufkens) visant à limiter les salaires des gestionnaires hospitaliers. Mais ils n’avaient pas pu compter sur le soutien de Maggie De Block.

Selon ces parlementaires, la rémunération des directions hospitalières est loin d’être transparente parce qu’elle fait partie du BMF sans lien avec le coût réel sur le lieu de travail. « Le BMF représente environ 40% du chiffre d’affaires de l’hôpital, mais la direction travaille pour l’ensemble de l’hôpital », avançaient-ils. Avec leur proposition de loi, Van Camp et ses collègues entendaient veiller à une affectation correcte des moyens des hôpitaux en cette période d’économies.

A l’époque, Van Camp déclarait au Spécialiste à ce sujet: « C’est un dossier symbolique. En premier lieu, les moyens doivent aller aux soins, et non à l’encadrement. C’est pourquoi nous demandons un plafond ». Le repère est le salaire du ministre président de l’entité fédérale en question (soit environ 240.000 euros pour le ministre-président flamand, Geert Bourgeois). Avec cette proposition, Van Camp était donc encore au-dessus de la norme de Balkenende aux Pays-Bas. Toutefois, la ministre De Block n’était pas enthousiaste par rapport à la proposition.

De Block soutient tout à fait le fait que les moyens doivent d’abord aller aux soins, et non à l’encadrement. Mais « si ces gens font bien leur job et que certains sont prêts à payer le prix, le marché doit jouer », expliquait la ministre, conformément à son modèle de pensée libéral. Un argument qui semble ne pas valoir pour les grands spécialistes car à ce propos, la ministre est plutôt pour une plus grande transparence et une réévaluation.

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