La dernière analyse des Mutualités Libres révèle que le nombre de résidents en maison de repos à Bruxelles et en Wallonie a significativement baissé en 2020 par rapport à 2019 dans le contexte de crise sanitaire. Le profil de ceux-ci a aussi changé puisque l’on comptabilise davantage de personnes dépendantes que précédemment. La consommation de médicaments reste enfin un point d’attention : plus de la moitié des résidents utilisent au moins 1 antidépresseur par an et près de la moitié d’entre eux en ont un usage chronique (c’est-à-dire pendant au moins 90 jours).
Le nombre de résidents en maison de repos à Bruxelles et en Wallonie a significativement diminué entre 2019 et 2020 (-6,5%) selon la dernière analyse des Mutualités Libres alors que leur nombre augmentait jusqu’ici d’année en année. Cette baisse s’explique d’une part par l’importante mortalité causée par la pandémie mais aussi par une réduction du nombre d’entrées. Les nombreuses infections au coronavirus et les décès enregistrés en maison de repos ont peut-être induit une réticence à rentrer en maison de repos.
La diminution du nombre de nouveaux résidents entre 2019 et 2020 s’observe plus chez les non-dépendants que chez les dépendants. Dans la période de février à décembre 2020, on observe une diminution de 47% en Wallonie et de 41% à Bruxelles des entrées des profils non-dépendants par rapport à la même période en 2019. Pour les profils dépendants on observe une diminution plus légère dans ces deux régions (-22%).
Surmortalité
Le suivi de la mortalité mensuelle en maison de repos en 2019 et 2020 montre des augmentations considérables : plus 39% de décès à Bruxelles, plus 31% en Wallonie. Des pics sont enregistrés pendant les deux vagues de la pandémie. Notons enfin que ces taux de mortalité très élevés concernent tant les profils dépendants que non-dépendants.
Médicaments
La proportion d’utilisateurs d’antidépresseurs parmi les résidents en maison de repos reste élevée et stable entre 2013 et 2020 à Bruxelles et en Wallonie. Un peu plus de la moitié des résidents en maison de repos ont utilisé au moins un antidépresseur et près de la moitié d’entre eux ont utilisé ces médicaments de manière chronique. Cela nous indique que les utilisateurs d’antidépresseurs sont principalement des utilisateurs réguliers/ chroniques.
Globalement, on constate aussi que polymédication reste toujours bien ancrée en maison de repos, même si on remarque tout de même une baisse du nombre moyen de médicaments utilisés.
Cette diminution pourrait notamment faire suite à l’introduction d’un nouveau système de tarification à l’unité en 2015.
Recommandations
Les mutualités libres souhaitent qu’une prise en charge non médicamenteuse des problèmes de santé mentale des résidents en maison de repos soit davantage systématisée, en privilégiant, par exemple, un accompagnement psychologique des résidents. En amont, il faut promouvoir et entretenir la bonne santé mentale des résidents en les impliquant activement dans la vie de la maison de repos.
Pour encourager l’utilisation efficace et optimale des médicaments en maison de repos, les mutualités libres sont d’avis qu’il faut favoriser la concertation entre professionnels de la santé et formaliser une évaluation régulière des traitements qui entourent le résident (efficacité, sécurité, « acceptabilité par le patient »). Elles prônent aussi l’élaboration d’une directive de polymédication (informations pratiques sur l’évaluation, personnes impliquées, base scientifique pour l’évaluation). Des instances nationales, comme le Centre Belge d'Information Pharmacothérapeutique ou l’asbl Farmaka, pourraient jouer un rôle de premier plan dans ce cadre.
Les Mutualités Libres mettent enfin l’accent sur l’accompagnement des ainés et de leurs proches. Il s’agit ici de renforcer l’accompagnement de ces personnes dans le choix du lieu de vie. Cela passe par une information adéquate sur les services et aides à domicile, les alternatives au maintien à domicile, coûts, etc.
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