Alors que le froid s'installe, plusieurs services de pédiatrie hospitalière sont saturés en Belgique, faisant face à une épidémie de bronchiolite "sans précédent", comme c'est également le cas en France. La situation est particulièrement tendue à Bruxelles puisque plus aucun lit n'était disponible mardi dans trois grands hôpitaux de la capitale, à savoir aux cliniques universitaires Saint-Luc, au CHU Saint-Pierre ainsi qu'à l'UZ Brussel.
À l'hôpital Saint-Pierre, dans le centre de Bruxelles, les six derniers lits disponibles ont accueilli lundi six enfants malades. "Les urgences pédiatriques sont complètement saturées sous l'effet bronch iolite", a indiqué à Belga Nathalie Schaar, chargée de communication au CHU Saint-Pierre.
Même constat à l'UZ Brussel, qui parle de "période de pointe" pour les infections respiratoires de type VRS (virus respiratoire syncytial) alors que les 52 lits pédiatriques de l'établissement sont occupés.
"C'est le cycle classique: à l'approche de l'hiver, il y a une hausse des maladies respiratoires", tempère Maud Rouille, porte-parole de l'hôpital universitaire des Enfants Reine Fabiola.
Mais Stéphane Moniotte, chef du département de pédiatrie aux cliniques universitaires Saint-Luc, également membre de l'académie belge de pédiatrie, est plus alarmiste. "Il s'agit d'une épidémie de bronchiolite sans précédent. Le nombre de patients atteints de VRS est plus élevé que les autres années", observe-t-il, interrogé par l'agence Belga. "Ces malades sont oxygéno-dépendants, ce qui fait que les salles d'urgence sont vite dépassées", ajoute-t-il, soulignant que les 135 lits pédiatriques à Saint-Luc ne désemplissent pas.
La situation est d'autant plus critique que les équipes d'infirmiers et d'infirmières spécialisés en pédiatrie sont déforcées par la pénurie de personnel soignant, qui touche l'ensemble du secteur de la santé.
"Nous sommes vraiment en difficultés. Les jeunes patients de moins de deux ans en détresse respiratoire arrivent par dizaines dans les salles d'attente et on a du mal à trouver de l'espace pour ces enfants, qui restent parfois en hospitalisation provisoire avant d'être transférés en hospitalisation à proprement parler", illustre M. Moniotte.
Cette situation de crise n'est pas sans rappeler celle vécue durant la pandémie de Covid-19 même si elle se passe à une autre échelle puisqu'elle ne touche qu'une partie de la population. "Nous faisons face aux mêmes problématiques que pendant le Covid: la pénurie d'infirmiers et d'infirmières ne s'est pas résolue, il y a toujours un manque de places d'hospitalisation et le nombre de patients est important", analyse le chef de département de pédiatrie à Saint-Luc. "Nous nous voyons obligés de transférer des patients et de parer au plus pressé", regrette-t-il.
L'hôpital pédiatrique de Jolimont, en province de Hainaut, qui fait partie du même réseau de soins que Saint-Luc, est lui aussi saturé.
Le service pédiatrique du Grand hôpital de Charleroi affiche également complet, même si les pathologies varient et ne se limitent pas qu'à des cas de bronchiolite. "Les 39 lits pédiatriques, en ce compris ceux de l'hôpital de jour, sont tous occupés ce mardi", a confirmé l'établissement carolo.
À Liège, la situation est en demi-teinte avec d'une part, le service pédiatrique du CHU qui "déborde de cas de bronchiolites depuis deux semaines", et de l'autre, le CHC MontLégia où le taux d'occupation des lits pédiatriques atteint 75% (29 lits sur les 80 disponibles mardi). "Mais la saison des bronchiolites s'étend généralement jusqu'au mois de février. La situation peut donc très vite changer", ponctue Catherine Marissiaux, la responsable communication du CHC.
En France, une épidémie de bronchiolite, qui sévit depuis plusieurs semaines, met à rude épreuve le service d'urgences pédiatriques.