Le souhait des employeurs de sanctionner le personnel de santé qui refuserait le vaccin contre le Covid-19 fait bondir les syndicats. Une mesure qui serait injustifiée et inappropriée, font-ils savoir en substance mercredi en réaction au positionnement des employeurs dans l'avis rendu par le Conseil national du travail (CNT) dont fait état L'Echo dans son édition du jour.
Fin août, le Comité de concertation a décidé d'obliger le personnel de santé à se faire vacciner dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Mais il a fallu d'abord aborder la question au CNT, au sein duquel sont représentés les syndicats et les employeurs. Les consultations montrent que les employeurs veulent introduir e des sanctions pour les personnes refusant de se faire vacciner, telles que la suspension ou même le licenciement. C'est maintenant au gouvernement du Premier ministre Alexander De Croo de prendre les décisions finales.
Les syndicats s'étaient déjà opposés aux propositions patronales de licenciement au sein du CNT. Et encore une fois, ils ne sont pas satisfaits du "message de menace". "Il est très choquant que des sanctions soient imposées tout de suite", déclare Mark Selleslach, secrétaire national du syndicat chrétien (ACV Puls-CNE). "Certainement à un moment où le secteur hospitalier est encore à bout de souffle. Le message 'Nous allons simplement vous jeter dehors' est donc très inapproprié". Pour la CNE, "une telle mesure n'est pas du tout justifiée. Elle provoquerait la guerre civile dans les institutions et services", a-t-elle ajouté dans un com muniqué mercredi.
Le syndicat socialiste BBTK-Setca souligne également que dans de nombreux hôpitaux, 99% du personnel a été entièrement vacciné. "Nous avons déjà une énorme pénurie de personnel, c'est pourquoi nous préconisons de nous adresser personnellement aux gens et de les motiver à se faire quand même vacciner au lieu de les menacer de suspension ou de licenciement", déclare Jan-Piet Bauwens, secrétaire national du BBTK-Setca.
Selon le schéma proposé par les employeurs, il est question d'abord d'une période transitoire de deux à trois mois, une fois l'obligation vaccinale inscrite dans la législation, durant laquelle le personnel non vacciné pourrait recourir à des tests. Ensuite, pour ceux qui refuseraient toujours le vaccin, il y aurait suspension de la collaboration sans rémunération ni salaire, durant une période qui pourrait aller jusqu'à six mois. À l'issue de ce délai, on passerait à une sanction plus lourde encore. "Il pourrait s'agir d'un motif pour une rupture du contrat", estiment les représentants des employeurs au Conseil national du travail.