Le gouvernement fédéral a décidé de la mise en place de l’obligation vaccinale pour le personnel soignant début janvier. Entre le 1er janvier et le 31 mars, les membres du personnel soignant devront attester soit du vaccin contre la Covid-19, soit avoir passé un test PCR dans un délai de 72 heures. Dès le 1er avril, l'obligation s'appliquera pleinement.
Elle sera assortie d’une mesure de mise au chômage des non-vaccinés. Une bonne ou une mauvaise mesure ? « Je pense qu'au stade où nous sommes arrivés (environ 10% de personnel non vacciné, en dépit de toutes les campagnes d'information, de sensibilisation etc), il n'y a plus de bonnes solutions. A partir du moment où les organisations professionnelles et les fédérations demandent la vaccination obligatoire du personnel de santé, il est logique qu'il y ait des sanctions pour ceux qui refuseraient encore de s'y plier. Notre premier devoir est de protéger nos patients. "Primum non nocere" Il est temps de tous se rappeler ce qui est fait le fondement de notre vocation. » explique le Dr Philippe Leroy, le directeur général du CHU Saint-Pierre.
20 à 25% de personnels en moins
Dans chaque hôpital du pays, le manque de personnel est criant. Pour le Dr Philippe Leroy, "le problème de fond , c’est le variant du covid qui actuellement est hypercontagieux. Le personnel vacciné se contamine à son contact. Comme ils sont contaminés, ils doivent être mis en quarantaine deux semaines. Ce sont ces clusters qui expliquent en partie la pénurie de personnels dans tous les hôpitaux du pays. Les personnes sont très peu symptomatiques voire pas symptomatiques, mais elles sont écartés. Actuellement, nous avons 20 à 25% du personnel en moins. »Pour lui, il n’y a pas de solution en terme d'engagements à court terme : « Les sociétés d’interim manquent aussi de personnel. Il n’y a pas de solutions dans la semaine qui vient. Nous ne pouvons plus fermer certains services pour y prendre du personnel comme pour la première vague. Nous ne pouvons pas arrêter certains types de soins. Ce n’est plus une option raisonnable quand on sait que le covid va durer. »
L’étranger n’est pas la solution
Existe-t-il des pistes à l’étranger en Bulgarie ou en Roumanie? « Les autres hôpitaux dans le monde ont aussi besoin de personnel. Éthiquement, cela pose question. Logistiquement, ce type de démarche, pour avoir du personnel pour deux-trois semaines, n’est pas non plus d’une grande efficacité. Le temps que ces personnes soient pleinement opérationnelles cette vague sera terminée. » Il faut donc plutôt réfléchir à des solutions à long terme : « Nous sommes face à un problème de personnel qui touche les unités non-intensives. Mettre en place une réserve stratégique de personnels soignants n’est pas non plus une solution : que vont faire ces personnes le reste de l’année ? Il faut plutôt imposer le vaccin pour réduire la circulation virale. Si on arrive à 99% de personnes vaccinées, le virus circulera moins.»
Un geste fort et clair
Pour lui, « il faut donc une réflexion de fond par rapport à cette situation qui va perdurer. Si on veut vraiment réduire la circulation du virus, il faut réfléchir à une obligation vaccinale pour l’ensemble de la population. »
Cette option « doit être explorée politiquement rapidement. » Il rappelle que le « vaccin permet aux gens qui contractent le virus de ne pas souffrir d’une forme grave. Cela réduit la contamination, mais cela n’empêche pas complètement ni cette dernière, ni le portage. C’est pour cela que nous avons beaucoup de soignants qui ne sont quasi pas malades, mais qui risquent de contaminer d’autres personnes. »
Stratégie mondiale
La Belgique ne pourra toutefois pas tout faire toute seule: « Si on veut résoudre le problème de fond il faut rappeller les gestes barrières, réfléchir à une vaccination obligatoire de l’ensemble de la population et à une stratégie vaccinale à l’échelle planétaire sans quoi cela ne fonctionnera pas. »
Le message est clair. Il faut à présent se donner les moyens à tous les échelons.
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