Environ 3.800 personnes, selon l'estimation de la police de Bruxelles-Ixelles, manifestent ce mardi matin depuis 10h30 à Bruxelles contre l'obligation vaccinale visant le personnel soignant.
Cette manifestation, organisée en front commun par la CGSP, le Setca, la CNE, le SLFP et la CGSLB, succède à une semaine de mobilisation devant le cabinet du ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke. Elle a débuté par un rassemblement sur la place de La Chapelle. Le cortège s'est ensuite mis en branle en direction du carrefour Arts-Loi, aux portes de la "zone neutre" et du siège du gouvernement fédéral.
Les manifestants ont fait du bruit et lancé des pétards. La mobilisation était colorée par les multiples pancartes et banderoles sur lesquelles on pouvait lire: "Un plan contre la pénurie d'infirmiers maintenant", "Du bon sens", "SOS", "La vraie urgence n'est pas de licencier", "Sauvez notre système de santé au lieu de licencier", "Mon corps, mon choix", "Prenez soin de nous" ou encore "Urgences en souffrance". Des blouses blanches, brandies au-dessus de la foule, servaient aussi de supports à des slogans.
"Je travaille depuis 40 ans comme infirmière et il y en a peu qui sont restées aussi longtemps que moi dans la profession", observe une infirmière de 62 ans du CHU de Dinant. "J'ai vu la profession se dégrader au fil de ma carrière et c'est aujourd'hui intenable. Avec l'instauration du barème IFIC, les formations spécialisées des infirmiers ne sont plus reconnues. On ne trouve plus d'infirmières à engager et il faut redonner de l'attractivité à la profession pour son avenir. Imposer la vaccination aux seuls soignants, et non à tous, est une discrimination. Il y a des enseignants qui côtoient des enfants infectés et d'autres secteurs sensibles", fait-elle remarquer . Elle craint que les 10% de soignants non vaccinés quittent la profession d'ici le 1er avril, date prévue pour l'entrée en vigueur de l'obligation.
"On est là en solidarité avec les soignants et aussi parce que l'on craint d'être les prochains", explique, pour sa part, une assistante sociale de 31 ans vaccinée, en charge d'une équipe d'aides familiales à domicile. "On nous demande plus de travail social, mais on risque de perdre des aides familiales qui ont peur de ce vaccin. (...) Les aides à domicile sont les derniers professionnels à avoir reçu les masques et autres équipements. Quand je faisais alors les horaires, j'avais l'impression de les envoyer à la mort. Aujourd'hui, on impose le vaccin sans respecter la volonté des soignants. On a l'impression qu'il n'y a jamais eu de respect depuis le début de la crise sanitaire."
Des pompiers ambulanciers de Bruxelles et d'autres régions du pays étaient présents en fin de cortège. "Pendant deux ans, on était super, des héros en première ligne, et maintenant on jette dehors ceux qui ne sont pas vaccinés", déplore un pompier de Charleroi. "On n'a plus de choix, sinon celui de perdre notre métier."
En marge de la mobilisation, une délégation syndicale devait rencontrer des représentants du parti Ecolo à 09h00, du PS à 10h00, du MR à 11h00, ainsi que le ministre fédéral de la Santé à 11h45. Des entretiens avec des partis flamands devraient également avoir lieu dans la journée.
"Le secteur des soins est atrophié de longue date et a été d'autant plus atrophié par la crise sanitaire", défend Olivier Nyssen, secrétaire général CGSP. "Sanctionner les travailleurs non vaccinés va accroître encore la pénurie jusqu'à mettre en péril les soins de santé dans le pays. Le fait de diminuer les bras pour les patients va augmenter la charge et l'essoufflement des soignants vaccinés. Des lits déjà ferment actuellement", a-t-il alerté.